Une escarmouche ou une première vague d'assaut? Selon le Financial Times, Microsoft se préparerait en effet à attaquer la suprématie de Google sur la recherche. La firme fondée par Bill Gates discuterait en effet avec News Corp, de Rupert Murdoch, pour mettre en avant le contenu de ses sites d'infos via le moteur de recherche Bing que possède Microsoft. Une telle initiative signifierait la «désindexation» des contenus News Corp des pages de Google. Murdoch serait à l'initiative de ce rapprochement, qui pourrait concerner également d'autres producteurs de contenus.
Selon le FT, le moteur de recherche indexerait en priorité des contenus payants, une stratégie qui diffère de celle de Google mais qui correspond aux récentes déclarations du patron de News Corp. Pour le magnat de la presse propriétaire entre autres du Wall Street Journal ou le Times, l'indexation par Google des articles publiés par les sites de ses journaux est synonyme de «cleptomanie».
En août dernier, Murdoch avait annoncé son intention de faire payer l'accès à tous ses sites d'informations. Avant de reculer la semaine dernière pour des raisons techniques.
Bing, nouveau moteur de recherche sur Internet lancé en juin dernier, représente la dernière tentative de Microsoft pour ébranler la suprématie de Google dans le domaine. Bing représentait au mois d'octobre près de 9,9% des recherches effectuées sur Internet aux Etats-Unis.
Si les discussions se concrétisent, cela ne devrait toucher que marginalement Google, estime un patron de site proche du dossier.«Economiquement, cela ne représente pas une part importante des revenus que l'on génère», avait lâché Matt Brittin, directeur de Google en Grande Bretagne.
Selon le Financial Times, le principal bénéficiaire de l'initiative lancée par Microsoft pourrait se révéler être la presse. Une industrie qui peine encore «à construire un modèle d'affaires viable sur Internet capable de remplacer une presse papier déclinante et de contrer la baisse des revenus issus de la pub» pour le quotidien. Pour Techcrunch, désindexer du contenu de Google «relève de la guerre de la recherche». «Si d'autres groupes de presse rejoignaient Murdoch, Google pourrait se retrouver en position délicate. De plus en plus de monde pourrait délaisser Google».
D'autres sites spécialisés sont plus septiques. Mashable.com note qu'une désindexation des sites News Corp de Google provoquerait «la perte d'une part de leurs audiences et récupéreraient en échange un volume inférieur de bannières publicitaires et donc moins d'argent, créant ainsi des perte que les revenus tirés des abonnements ne pourraient pas couvrir». De quoi parler de «suicide» comme l'explique Obsessable.com, pour qui «le trafic généré par Google est un élément vital» pour la survie d'un site d'information.
Businessinsider.com rappelle à ce titre que près de 25% de l'audience du site du Wall Street Journal vient de Google. Plus concrètement, «les revenus du site du Wall Street Journal dépendent de Google à hauteur de 10 à 15%. C'est un montant non-négligeable», affirme le site. Pour autant, Businessinsider rappelle que «les lecteurs redirigés par Google lisent moins que les abonnés au site. Les utilisateurs de Google génèrent moins de revenus commerciaux que les lecteurs fidèles». De là se passer des lecteur venus de Google...
Sur Internetrevolution.com, l'annonce de Rupert Murdoch est envisagée sous un autre angle: une telle expérience pourrait permettre de réaliser «quelle importance Google revêt pour les la publication multimédia dans les années à venir».
Indépendamment de Google, il s'agit aujourd'hui de développer un modèle assurant la viabilité d'un site d'information. «NewsCorp aurait le mérite de servir de cobaye pour voir comment assurer la production de contenu hors de la sphère Google», souligne Internetrevolution.
[Lire l'article complet sur le Financial Times]
Vous souhaitez proposer un lien complémentaire sur ce sujet ou sur tout autre sujet d'actualité? Envoyez-le à infos @ slate.fr
Image de une: raptorallah via Flickr