Peu après l'annonce par la Maison Blanche de sanctions d'une très forte ampleur contre les services de renseignement russes, accusés de cyberattaques pendant la présidentielle, le président-élu Donald Trump a publié un communiqué laconique:
«Il est temps pour notre pays de passer à des choses plus importantes et meilleures. Néanmoins, dans l'intérêt de notre pays et de son formidable peuple, je rencontrerai des leaders des agences de renseignement la semaine prochaine afin d'être informé de la situation.»
Le jour précédent, Trump avait répondu de façon encore plus cavalière à une question d'un journaliste sur le hacking russe:
«Je crois que nous devrions passer à autre chose. Je pense que les ordinateurs ont beaucoup compliqué les vies. L'ère de l'ordinateur a créé une situation où personne ne sait exactement ce qui se passe. Nous avons de la vitesse, nous avons beaucoup d'autres choses, mais je ne suis pas sûr que nous ayons le type de sécurité dont nous avons besoin.»
Pourtant, les renseignements américains ont bien conclu que le GRU, un des services secrets russes, avait commandité les cyberattaques contre le Comité national démocrate avec le soutien du Kremlin, rappelle le New York Times. Jeudi 29 décembre, la Maison Blanche a donc annoncé des sanctions économiques à l'encontre du GRU et du FSB, l'autre agence de renseignement. Trente-cinq agents des services secrets seront expulsés et deux bâtiments utilisés par les renseignements russes seront fermés.
Mais Trump a toujours été très sceptique à l'égard des rapports des renseignements sur l'ingérence russe pendant la présidentielle. Lorsque la CIA a déclaré début décembre qu'il était fortement probable que des hackers russes aient tenté d'aider le candidat républicain à gagner la Maison-Blanche, ce dernier avait répondu de manière méprisante:
«Ce sont les mêmes personnes qui avaient dit que Saddam Hussein avait des armes de destruction massive.»
Il a aussi affirmé que les Démocrates accusent la Russie car ils sont mauvais perdants et se cherchent un bouc émissaire pour expliquer leur défaite à la présidentielle.
Ceci dit, l'attitude du président-élu pourrait poser problème dans la mesure où le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, et plusieurs sénateurs républicains sont en complet désaccord avec lui sur ce sujet. Suite à l'annonce des sanctions par Obama, Paul Ryan a déclaré que de telles mesures auraient dû être prises bien plus tôt et que la Russie ne partageait pas les intérêts des Etats-Unis.
Quant aux sénateurs John McCain et Lindsey Graham, ils ont demandé des sanctions plus fortes, et McCain a vivement critiqué l'attitude de Trump:
«Je suis d'accord avec le président-élu qu'il faut passer à autre chose –mais sans que nos élections soient affectées par une influence extérieure, particulièrement celle de Vladimir Poutine, qui est une brute et un meurtrier.»
Les représailles américaines mettent donc Trump dans une position compliquée: après le 20 janvier, il devra décider de lever ou non les sanctions à l'encontre des renseignements russes, alors que de nombreux membres de son partis soutiennent des mesures plus sévères.