Plus les villes s’agrandiront, plus les terres cultivées périphériques disparaîtront. Et, d’après une étude publiée dans la revue PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences), cela pourrait poser des problèmes pour la sécurité alimentaire, s’ajoutant aux effets du changement climatique et de l’augmentation rapide de la population.
Entre 2000 et 2030, le chiffre de la population urbaine mondiale devrait doubler (de 2,6 milliards à 5 milliards de personnes), et la surface des zones urbaines tripler. Comme le souligne le Guardian, l’extension urbaine va donc peu à peu grignoter les champs proches des villes.
Avec son équipe, Felix Creutzig, principal auteur de l’étude, a combiné un ensemble de données: l’emplacement des terres cultivées, la productivité et l’expansion urbaine projetée. D’après leurs calculs, la forte croissance de la taille des villes va engendrer «une perte de 1,8 à 2,4% des terres cultivées mondiales» d’ici 2030.
Mais les effets seront bien différents en fonction des pays du monde. 80% de ces pertes de terres concernent ainsi l’Asie et l’Afrique, en raison de l’urbanisation rapide. Or, sur ces deux continents, une grande partie des terres agricoles périphériques menacées de disparition sont deux fois plus productives que les moyennes nationales.
L'agriculture urbaine, un début de solution
D’après les projections de cette étude, les zones les plus touchées devraient être l’Egypte, le Nigeria, les pays autour du lac Victoria en Afrique, l’Est de la Chine. Et les chercheurs sont inquiets pour les terres produisant du maïs, du riz, du soja et du blé, qui sont selon le Guardian «les pierres angulaires de la sécurité alimentaire mondiale». D'après Felix Creutzig, «en raison de l’urbanisation au Nigéria, 17% de la production de riz et 12% de la production de maïs sera mise à mal. […] L’Egypte perdra plus de 40% de son riz et plus de 60% de son maïs». Le riz souffrira le plus, avec un déclin global de 9%.
Selon les auteurs, «cette dynamique ajoute une pression sur les systèmes alimentaires potentiellement tendus à l'avenir et menace les moyens de subsistance dans des régions vulnérables». Le problème, c’est qu’il n’est pas si facile de déplacer les cultures. Comme le souligne le Guardian, par exemple, en Afrique du nord, les conditions météorologiques liées au changement climatique vont rendre les terres disponibles moins adaptées à l’agriculture…
Pour Felix Creutzig, le développement de l’agriculture urbaine pourrait faire partie d’un ensemble de solutions. Selon lui, «l’agriculture urbaine est bien sûr insuffisante pour nourrir la population urbaine, mais il est très important de maintenir des chaînes d’approvisionnement locales et de fournir des moyens de subsistance aux agriculteurs urbains».