Après leur rencontre de quinze minutes à la Trump Tower de New York, Donald Trump a déclaré, dans son style inimitable, que Kanye West et lui étaient amis depuis longtemps:
«Des amis, juste des amis. C'est quelqu'un de bien. Depuis longtemps. Amis depuis longtemps.»
Le président-élu a rajouté qu'ils avaient tout simplement parlé de «la vie». Sur Twitter, le rappeur et designer a eu une description différente de l'entretien:
«Je voulais parler de questions multiculturelles avec Trump. Y compris le harcèlement à l'école, le soutien des enseignants, la modernisation des cursus, et la violence à Chicago.»
Étant tous les deux des personnalités narcissiques qui aiment provoquer et dire un peu n'importe quoi sur Twitter, il est possible qu'ils se soient bien entendus. West a semblé convaincu par la discussion, puisqu'il a tweeté #2024, impliquant qu'il reporterait sa candidature à la présidentielle en 2024 pour laisser Trump faire un hypothétique second mandat. Le rappeur avait annoncé en septembre 2015 qu'il se présenterait en 2020.
#2024
— KANYE WEST (@kanyewest) December 13, 2016
Il a aussi tweeté une photo du magazine Time dédidacé par Trump avec les mots: «tu es un grand ami».
— KANYE WEST (@kanyewest) December 14, 2016
Malgré l'enthousiasme de Kanye West pour le président-élu –il a déclaré qu'il aurait voté pour lui (s'il avait voté) car il aimait bien son style anti-politiquement correct– les deux ne sont pas amis de longue date. Mais lorsque Trump dit «ami», il veut dire «quelqu'un qui a déjà dit du bien de lui.»
Une amitié récente
Le magazine Vanity Fair a en effet tenté de retrouver des traces de cette amitié, mais il n'y pas grand chose. Il s'avère que la fille de Trump, Ivanka, est fan de Kanye West et a annoncé sur Twitter qu'elle avait été à plusieurs de ses concerts, et une photo montre qu'elle a rencontré Kanye et Kim Kardashian lors d'un gala à New York en 2012. C'est à peu près tout.
Ceci dit, Trump a plusieurs fois dit du bien de Kanye West ces dernières années. Lorsque le rappeur a annoncé qu'il se présenterait en 2020, Trump a déclaré au magazine Rolling Stone: «En fait c'est un type bien. J'espère faire campagne contre lui un jour.»
«Les gens font des comparaisons entre Kanye et moi, ce qui est intéressant, avait aussi dit Trump. Enfin je ne comprends pas trop. Il a dit du bien de moi par le passé, et il connaît un peu ma fille Ivanka. Il a dit des choses positives. Extrêmement positives.»
Il n'est pas clair à quelles choses «extrêmement positives» Trump fait référence. Avant de se déclarer pro-Trump le 17 novembre, Kanye West avait participé à une soirée de levée de fonds pour Hillary Clinton avec Kim Kardashian en 2015. Il avait fait une donation de 2.700 dollars pour soutenir la campagne de Clinton. Ces dernières années, il a aussi donné plusieurs milliers de dollars au parti démocrate. Et lorsqu'il a dit qu'il aurait voté Trump, le rappeur avait tout de même précisé: «Ça ne veut pas dire que suis contre Black Lives Matter. Ça ne veut pas dire que je ne soutiens pas les droits des femmes. Ça ne veut pas dire que je ne soutiens pas le mariage gay.»
Trump comme symbole du pouvoir
A part sa déclaration pro-Trump de novembre –quelques jours avant un séjour en hôpital psychiatrique– il est difficile de trouver d'autres citations positives. Dans les paroles de ses chansons, Kanye utilise simplement Trump comme un symbole d'argent et de pouvoir.
Un article de Vox a recensé les quatre fois où Kanye a cité Trump dans sa musique. Il y a un freestyle de 2005 dans lequel West dit qu'il est «comme Donald Trump», la chanson «Flashing Lights (Remix)», dans laquelle il rappe «tu es viré fils de pute Donald Trump nigga», ainsi que «So Appalled»: «Un Donald Trump dégarni vous prend vos dollars». Début 2016, une statue de Trump nu est aussi apparue dans le clip de «Famous». Contrairement à de nombreux autres rappeurs qui ont écrit des paroles anti-Trump virulentes en réaction à sa campagne, West en est resté à Trump en tant que symbole bling bling producteur de télé réalité.
Certains se sont demandés si la rencontre à la Trump Tower signalait d'ailleurs un rôle possible de West dans la nouvelle administration («c'est quoi l'agence du gouvernement qui régule les masques en diamant et les joggings?» s'est moqué l'humoriste Stephen Colbert.) L'autre possibilité était que le rappeur chanterait lors de l'inauguration du président en janvier prochain. Mais apparemment, ce ne sera pas le cas. Pour l'instant, les chanteurs qui ont accepté de participer sont Jackie Evancho, qui a 16 ans et a été découverte dans l'émission «America's Got Talent», et le ténor italien Andrea Bocelli, qui avait donné un concert privé dans le club de Trump à Palm Beach en Floride en 2010.