Je sais que l'on peut acheter local ou biologique, mais j'ai entendu que certaines plantes demandent tout simplement plus d'énergie que d'autres, en fonction d'où et de comment elles sont cultivées. Quelle est donc l'astuce pour choisir des aliments qui ont la plus petite empreinte écologique ?
Nous avons déjà parlé des bénéfices environnementaux de préférer la volaille au bœuf, et les anchois au haddock. Mais vous avez raison de dire que la même logique s'applique sur les choix alimentaires végétariens. Certaines plantes demandent beaucoup d'engrais phosphatés, par exemple, qui ruissellent de la terre et peuvent ensuite provoquer une prolifération des algues en mer. D'autres fruits et légumes sont cultivées avec des doses massives de fongicides, pesticides et autres produits chimiques qui peuvent polluer les rivières et causer des problèmes de fertilité chez les animaux. Comment savoir quelles plantes préférer ? Voici la méthode pragmatique de La Vigie Verte (The Green Lantern) : essayez de contrôler vos envies de fruits extravagants, mais ne vous cassez pas la tête pour le faible impact calorique lié à ces glucides.
C'est un fait, ce n'est pas trop difficile de trouver des données lisibles sur l'usage d'engrais. La FAO dispose d'une liste de diverses plantes associées à leurs besoins en engrais. Les bananes sont les plus gourmandes, avec 194 kilos d'azote, de phosphate et de potasse pour 4047 m² de culture. La betterave à sucre et les agrumes viennent ensuite, suivis des légumes, des tubercules et des céréales. Les pois et les haricots ont tout juste besoin de 15,91 kg par 4047 m², en partie parce qu'ils ont la capacité d'absorber l'azote de l'air. En bref, mangez-en plus.
Les framboises sont les plus coupables
Des chiffres sur l'usage des pesticides peuvent êtres trouvés dans une base de données concernant les plantes californiennes et réalisée par le Pesticide Action Network. Selon les informations qui s'y trouvent, les framboises sont les plus coupables, avec environ 9,18 kilos de produits chimiques dispersés tous les 4047 m² de terre cultivée. D'autres plantes plutôt nocives sont les carottes et les fraises. Le riz sauvage n'est pas particulièrement bien loti avec cette façon de compter, avec 2,73 kg de pesticides par 4047 m². Au milieu de tout cela, vous avez ce qui pousse sur des arbres, comme les avocats et les oranges, et les plus propres de la liste sont les brocolis, les légumes-feuilles, les haricots et les céréales - qui sont cultivés avec un peu moins de 1,36 kg de pesticides par 4047 m². (Rappelez-vous que l'on parle ici de risques pour la planètes, pas pour la santé humaine. L'Environmental Working Group a aussi une liste de fruits et de légumes qui se retrouvent dans les magasins - et dans vos assiettes -, avec les plus hauts taux de résidus chimiques. Mais cela ne veut pas dire qu'ils soient les plus coupables envers l'environnement).
Il est utile de savoir combien d'engrais ou de pesticides sont déversés sur une surface donnée de sol cultivé, mais ce n'est pas tout. Certaines plantes utilisent plus efficacement le sol que d'autres, ce qui fait que l'impact environnemental sera moins fort si l'on se fonde sur une base calorique. Pour voir comment tout cela peut se bidouiller, La Vigie Verte a sorti sa calculette solaire et a comparé l'usage global des pesticides et des engrais avec les rendements agricoles de la Californie à partir de 2007, couplés aux informations nutritionnelles de 12 plantes cultivées de manière conventionnelle. Le riz blanc ressort champion, avec plus de 2 millions de calories par livre de pesticide et 82 000 calories par livre de phosphate. Les oignons et le maïs doux sont presque aussi efficaces que le riz en termes de pesticides mais sont assez médiocres en termes d'engrais ; l'inverse est vrai pour les oranges et les pommes. Toujours en bout de course, les fraises avec seulement 121 000 calories par livre de pesticides et 5300 par livre d'engrais.
Préférer les oranges aux fraises
Que signifie tout ce passe-passe de chiffres ? Sachant que le tiers des émissions de gaz à effet de serre agricoles (PDF) aux Etats-Unis est produit par les engrais et les pesticides, savoir quelles plantes ont un faible impact de la sorte est presque aussi important que de choisir des aliments cultivés dans vos environs. Par exemple, préférer les oranges aux fraises dans votre salade de fruits diminue l'usage des pesticides par deux et celui des engrais par 10. Pour ceux qui ne peuvent pas se passer de fruits rouges, la meilleure façon de faire est d'acheter une source vraiment durable qui se passe des pires pesticides, préfère le fumier et autres engrais organiques, et empêche l'excès de nutriments de se retrouver dans les nappes phréatiques. Les principaux producteurs bio comme les Cascadian Farms et autres fournissent un peu d'information sur leurs pratiques agricoles sur leurs sites web.
Qu'en est-il du match bio vs. cultures conventionnelles ? Quand il s'agit d'aliments de base tels le maïs, le blé et le riz, le choix n'est pas si évident. David Pimentel, de Cornell, a estimé que la culture organique demande 30% de moins d'énergie que la culture conventionnelle si on parle de soja ou de maïs. Face à lui, les bio sceptiques, y compris le père de la Révolution Verte, Norman Borlaug, ont suggéré que la diffusion de l'agriculture sans pesticides ni engrais entraînerait la multiplication de terres en friche afin d'atteindre les rendements des cultures conventionnelles actuelles, un point de vue partagé par un rapport du gouvernement britannique. L'USDA vient juste de surveiller certaines cultures organiques et nous devons donc attendre leurs données pour clore le débat sur ce point. Comme pour les fruits et les légumes, passer au bio est un choix écologique. Le changement va réduire votre impact sur les sols et les réserves en eau et ne demandera pas une large expansion de l'empreinte agricole.
Pour toutes ces raisons, la façon la plus simple d'estimer l'impact d'un fruit ou d'un légume conventionnel est de regarder son prix. L'astuce ne fonctionne pas toujours, mais, en général, le moins cher est probablement celui qui a demandé le moins de pesticides, d'engrais, de terre, et d'énergie.
Brendan Borrell
Traduit de l'anglais par Peggy Sastre
Image de Une: Des vendeurs disposent des légumes sur leurs étales à Chandigarh REUTERS/Ajay Verma
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez peut-être: «Le Bio, pas si vert que ça» ou «Le tofu est-il vraiment écolo?»