Monde / Économie

Au Venezuela, on ne compte plus la monnaie, on la pèse

Temps de lecture : 2 min

Alors qu'une période d'inflation et qu'une grave crise économique traverse le pays, les commerçants vénézuéliens font face à des montagnes de billets... qui ne valent plus grand chose.

Un distributeur de billet de Caracas, en février 2016. JUAN BARRETO/AFP
Un distributeur de billet de Caracas, en février 2016. JUAN BARRETO/AFP

Le Venezuela traverse une crise économique grave et la dévaluation de sa monnaie, qui vient d'atteindre un seuil historique, en est l'illustration la plus éloquente. Le bolivar a plongé, le 28 novembre, à plus de 3.000 bolivars pour un dollar sur le marché noir et à 662 unités pour un dollar sur le marché officiel. L'inflation, stimulée par les pénuries, est devenue totalement incontrôlable. Selon le Fonds monétaire international (FMI), celle-ci devrait atteindre 475% cette année, voire 720% d'ici à fin de l'année, puis exploser à 1.660% en 2017.

Dans le pays, les ravages de l'hyperinflation commencent à se faire sentir. À tel point que certains commerçants semblent avoir arrêté de compter les billets, préférant plutôt les peser pour évaluer la somme totale, rapporte The Independent. Pire, les portefeuilles ne seraient plus d'actualité. «À la place, les gens remplissent de grandes quantités d'argent liquide dans des sacs à main ou des sacs à dos», ajoute le quotidien britannique.

Des sacs remplis de billets

Humberto Gonzalez, gérant d'une épicerie à Caracas, raconte qu'il utilise la même balance pour peser le fromage qu'il vend à ses clients et peser les liasses de billets qu'il reçoit en échange. «C'est triste. Je pense que même le fromage a plus de valeur», confie-t-il. Une scène qui s'observe partout dans le pays, signe d'un phénomène d'hyperinflation, selon les experts cités par The Independent.


Un propriétaire de kiosque, où sont vendus cigarettes, journaux et friandises, a, lui, raconté au Washington Post qu'il pouvait remplir, chaque soir, jusqu'à un sac plastique entier d'argent liquide, soit l'équivalent de 100.000 bolivars (50 euros environ) en coupure de 10, 20, 50 et 100 bolivars. Le prix du produit qu'il vend le plus, des paquets de cigarettes, a grimpé de 250 à 2.000 bolivars en quelques semaines –ce qui représente une vingtaine de billets. Et, dans une capitale qui enregistre l'un des taux de criminalité les plus élevés au monde, se balader dans la rue avec de telles sommes d'argent l'effraie. «À Caracas, on n'est plus en sécurité nulle part», a-t-il confié... de manière anonyme.

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