France

On a joué la primaire de droite avec des systèmes de votes alternatifs

Temps de lecture : 2 min

Bienvenue dans un monde où le duo Juppé-NKM fait un carton, et où la seconde fait même parfois mieux que le premier.

On a beaucoup parlé d'un «vote tactique» à l'occasion de la primaire de droite et du centre, entre les électeurs désireux de voter Juppé pour faire barrage à Sarkozy et ceux prêts à voter Fillon pour avoir de meilleures chances d'éliminer Sarkozy dès le premier tour (objectif atteint au-delà de toutes leurs espérances!). Les votes pour les «petits» candidats, eux, ont été réduits à la portion congrue, trois des sept candidats ayant recueilli plus de 93% des voix le 20 novembre.

Que se serait-il passé si nous avions opté pour un autre mode de scrutin que le traditionnel système uninominal à deux tours et son «au premier tour on choisit, au second on élimine»? C'est ce que nous vous proposions de faire via notre application, lancée mi-novembre.

Au total, 12.223 votants ont rempli l'intégralité du questionnaire sur 18.458 qui ont participé au premier tour, soit une déperdition d'environ 33%. Cet échantillon, contrairement à celui d'un institut de sondage, n'a pas de prétention à la représentativité: il s'agit de comparer les résultats des différents votes fictifs entre eux, pas celui du vote fictif avec le vote réel.

Voici le classement dans le cadre du premier tour «classique» qui, comme on le voit, est extrêmement différent du vrai vote (ce qui fera plaisir, entre autres, à Jean-François Copé):

1. Alain Juppé 38,5%
2. Nathalie Kosciusko-Morizet 31,3%
3. François Fillon 15,9%
4. Bruno Le Maire 6,6%
5. Nicolas Sarkozy 3,6%
6. Jean-Frédéric Poisson 3,1%
7. Jean-François Copé 1%

Nous offrions aussi à nos lecteurs la possibilité de classer les candidats de 1 à 7 dans le cadre du système du «vote alternatif», notamment pratiqué pour l’élection présidentielle irlandaise ou les législatives australiennes. Comme c'est logique, le classement des premières places est très proche de celui du premier vote:

1. Alain Juppé 38,6%
2. Nathalie Kosciusko-Morizet 34%
3. François Fillon 14,7%
4. Bruno Le Maire 6,4%
5. Nicolas Sarkozy 3%
6. Jean-Frédéric Poisson 2,8%
7. Jean-François Copé 0,7%

Quand on additionne le classement des premières et deuxièmes places, le tandem Juppé-NKM creuse encore l'écart avec ses poursuivants, comme s'ils formaient un «ticket» joué par beaucoup de sondés.

1. Alain Juppé 71,8%
2. Nathalie Kosciusko-Morizet 58,1%
3. François Fillon 34,4%
4. Bruno Le Maire 21,5%
5. Nicolas Sarkozy 6,4%
6. Jean-Frédéric Poisson 5,4%
7. Jean-François Copé 2,6%

Et si l'on se livre à un concours d'impopularité en regardant les dernières places, on se rend compte que le dernier n'est plus Jean-François Copé, mais le moins connu des sept candidats, Jean-Frédéric Poisson. Et que le moins impopulaire, c'est à dire celui qui reçoit le moins de dernières places, n'est pas Juppé, ni NKM mais... François Fillon, le grand vainqueur de la vraie primaire.

1. Jean-Frédéric Poisson 47,2%
2. Nicolas Sarkozy 30,6%
3. Jean-François Copé 15,3%
4. Nathalie Kosciusko-Morizet 2,3%
5. Bruno Le Maire 1,9%
6. Alain Juppé 1,8%
7. François Fillon 0,8%

Et si l'on propose aux lecteurs de simplement dire s'ils «approuvent» ou non le candidat, sans les comparer entre eux? Cette fois-ci, c'est NKM qui gagne, d'un cheveu.

1. Nathalie Kosciusko-Morizet 66,3%
2. Alain Juppé 66%
3. François Fillon 42,7%
4. Bruno Le Maire 36,4%
5. Nicolas Sarkozy 8,2%
6. Jean-Frédéric Poisson 7,9%
7. Jean-François Copé 4,8%

Dans le même esprit, mais en plus fin, nous vous avions aussi proposé de donner une note de 1 à 5 à chaque candidat sous forme de smileys. Si l'on se fie aux deux notes les plus élevées, là encore, la concurrence est rude entre Juppé (54%) et NKM (53%), mais si l'on se fie uniquement à ceux qui obtiennent la moyenne ou plus (c'est à dire une des trois meilleures notes), la candidate à la mairie de Paris passe devant (82% contre 80%). Là encore, Nicolas Sarkozy termine dernier, ce vote constituant, à une autre échelle que la vraie primaire, un véritable défouloir contre l'ancien-président.

Cette expérience a bien sûr des limites: l'échantillon retenu, donc, mais aussi le fait que l'éventail idéologique offert par une primaire est moins fort que celui proposé par une présidentielle. Elle gagnera donc à être répétée l'an prochain avec l'autre primaire, celle de la gauche, puis avec la présidentielle, à l'image des expériences réalisées en 2012 qui, selon les systèmes retenus, avaient parfois fait terminer Bayrou devant Hollande et Sarkozy, ou Mélenchon et Joly devant Le Pen...

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