Tout a commencé à Croydon, une petite ville dans la banlieue sud de Londres. Il y a un an environ, en novembre 2015, étaient retrouvées les premières victimes de celui que l'on surnomme aujourd'hui «L'Éventreur de chats de Croydon». Des cadavres de chats mutilés, éventrés, dont la queue et la tête ont parfois été arrachées. En novembre 2015, alertée par une association de défense des animaux (SNARL), la police londonienne se penche sur le dossier. Si elle pense d'abord à des attaques de nuit de renards, Scotland Yard se ravise et décide finalement d'ouvrir une enquête: l'opération Takahe.
Et bientôt, le fait-divers fait rapidement le tour du pays.
Un an après le début de l'enquête, plus de cents chats –on parle de 170 cadavres au total–, ainsi que d'autres animaux (lapins, renards, oiseaux...), semblent avoir croisé le chemin macabre de ce tueur en série agissant la nuit, dans des rues isolées et loin des caméras de surveillance. Des cadavres de chats, tués par le même mode opératoire, ont été retrouvés bien au-delà du quartier de Croydon: Londres, Birmingham, Manchester, Brackley, Maidstone, Margate, Maidenhead, Sheffield, Nottingham ou encore Essex. Les enquêteurs, eux, patinent.
Alors, l'association de défense des animaux PETA a pris les choses en main. Après avoir expressement demandé à la police londonienne d'analyser les ADN humains retrouvés sur les animaux décédés, elle a fixé à 5.000 livres sterling (5.800 euros environ) le montant de la prime offerte à quiconque offrant une information permettant d'arrêter le tueur en série.
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— PETA UK (@PETAUK) 16 avril 2016
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Du poulet cru comme appât
Qui est le tueur? Nul ne le sait. Personne n'a encore été arrêté ou suspecté dans cette affaire, officiellement lancée par Scotland Yard le 1er décembre 2015. Ce que les enquêteurs suggèrent, c'est que les têtes et queues découpées et disparues pourraient être conservées par l'auteur des faits commes des trophées et qu'il agirait probablement seul. Dans une interview au Croydon Advertiser, en février 2016, Andy Collin, l'enquêteur en charge de l'affaire, reconnaissait un sentiment d'impuissance:
C'est l'une des choses les plus bizarres à laquelle j'ai été confronté durant ma carrière
Andy Collin, enquêteur
«Nous n'avons aucune piste, ni aucune idée de qui il s'agit. Pour l'heure, nous ne comprenons pas ce qu'il se passe. C'est l'une des choses les plus bizarres à laquelle j'ai été confronté durant ma carrière.»
Mais, si l'on ne sait rien de l'homme en question, le mode opératoire, lui, est limpide. D'après un pathologiste de la police londonienne, qui a examiné plusieurs dépouilles, tous les décès ont été causés par des traumatismes contondants et suivis de mutilations «effectuées fort probablement par un humain avec un outil tranchant». Du poulet cru retrouvé dans les estomacs des chats tués laisse penser que le tueur en série s'en sert pour attirer les animaux. Des autopsies menées par la RSPCA, l'équivalent de la SPA britannique, ont révélé la présence d'ecchymoses sur plusieurs cadavres, ce qui laisserait penser que les chats en question auraient également pu être percutés par un véhicule avant d'être mutilés.
Un an plus tard, donc, l'association de défense des animaux SNARL ne se décourage pas. Très actifs sur Facebook, ses membres ont également lancé un hashtag (#UKCatKiller) destiné à aider leurs investigations menées en collaboration avec la police. Une chose est sûre, désormais, en attendant que l'enquête aboutisse, les chats devront se faire à l'idée que les balades nocturnes ne sont plus d'actualité. Au début du mois de novembre, l'Éventreur de chat de Croydon a frappé six fois en une semaine.