Mardi 6 novembre, Bernard Cazeneuve est nommé premier ministre par François Hollande, en remplacement de Manuel Valls, nouveau candidat à la primaire de la gauche pour la présidentielle de 2017. A cette occasion, nous republions cet article.
Le 12 octobre 2016 à l'école militaire, face aux forces de sécurité, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a vanté son bilan dans la lutte contre le terrorisme: 4.000 perquisitions administratives, 600 armes à feu saisies et 500 personnes interpellées. Un mois plus tard, alors que la France rend hommage aux 130 morts du 13 novembre, cette communication ne passe toujours pas auprès des associations de victimes comme 13 novembre: Fraternité et vérité.
Plus de morts du terrorisme depuis 2015 que depuis 1945. Le ministre de l'Intérieur est satisfait de son bilan. Bravo. Et merci.
— Jacques Raillane (@AbouDjaffar) October 12, 2016
En moins de deux ans, la France a subi trois attentats majeurs et de multiples attaques terroristes. Si le risque zéro n'existe pas, de nombreuses failles de la lutte antiterroriste ont été progressivement identifiées. Les frères Kouachi, auteurs de l'attentat de Charlie Hebdo, étaient surveillés par la DGSI mais leur documentation n'était pas à jour: les parents des Kouachi ont même été mis sur écoute alors qu’ils étaient décédés.
Lorsqu'Amedy Coulibaly, responsable de la prise d'otages de l'Hyper Cacher, est sorti de prison, où il s'était radicalisé, cette information n'a pas circulé du renseignement pénitentiaire vers la DGSI ou le renseignement territorial. Coulibaly n’était pas fiché par les services comme islamiste, mais comme délinquant, et la documentation à son sujet n’était pas à jour non plus. Samy Amimour et Ismaël Omar Mostefaï, deux des kamikazes du Bataclan, faisaient l'objet d'une interdiction de sortie du territoire et d'un contrôle judiciaire. Ils sont néanmoins parvenus à renouveler leurs passeports et à se rendre en Syrie. Pendant des semaines, ils ont arrêté de pointer au commissariat pour leur contrôle judiciaire, sans être inquiétés. Les services de renseignement, qui surveillaient Abdelhamid Abaaoud, n'ont découvert sa présence sur le sol français qu'après les attentats du 13 novembre.
Pourquoi les services n’arrivent pas à anticiper les attentats ? L'analyse d'un ancien analyste de la DGSE #MediapartLive pic.twitter.com/KEnDNfY6WF
— MediapartLive (@MediapartLive) November 9, 2016
Une organisation problématique du renseignement intérieur
Ces événements ont révélé des défaillances structurelles du renseignement intérieur. En premier lieu, son organisation trop complexe. En 2008, les RG (Renseignements Généraux) sont fusionnés avec la DST (Direction de la Sécurité Intérieure): c'est la naissance de la DCRI (Direction Centrale du Renseignement Intérieur), dont Nicolas Sarkozy veut faire un FBI à la française. Cette réforme est considérée comme un échec: elle conduit «à la disparition du vaste réseau d’agents de terrain qui avait mis un demi-siècle à se constituer». Après les tueries commises par Mohammed Merah en mars 2012, la DCRI est mise en cause pour «défaut de surveillance» dans un rapport de l’IGPN.
Face à ces dysfonctionnements et après l’alternance de 2012, une nouvelle réforme du renseignement est adoptée en mai 2014. La DCRI devient la DGSI: elle n'est plus placée sous l'autorité de la police mais sous celle du ministère de l'Intérieur. La réforme de 2014 «recrée» dans une certaine mesure les Renseignements Généraux, avec la mise en place du Service Central du Renseignement Territorial (SCRT). Dans la lutte antiterroriste, ce dernier est notamment supposé détecter les «signaux faibles» de radicalisation djihadiste.
Deux kamikazes du Bataclan ont pu arrêter de pointer au commissariat sans que cela ne prête à conséquences. Ces derniers ont également pu faire refaire leur passeport et partir en Syrie
Malgré cette réforme, qui rétablit un «réseau d’agents de terrain», quatre services de renseignement intérieur différents continuent de travailler simultanément sur la menace terroriste: la DGSI (sécurité intérieure) le SCRT (renseignement territorial), la DRPP (renseignement de la préfecture de police de Paris) et la SDAO (renseignement de la gendarmerie). À l'étranger, le renseignement intérieur est plus souvent scindé en deux services, dont l'un se charge du renseignement électronique (NSA et FBI aux États-Unis, GCHQ et MI-5 au Royaume-Uni).
En 2014, suite à l'attentat commis par Yassin Salhi en Isère, Bernard Cazeneuve crée l'EMOPT (état-major opérationnel de prévention du terrorisme) pour une meilleure coopération entre les services. Malheureusement, celui-ci-ci fait doublon avec l'UCLAT (Unité de coordination de la lutte antiterroriste), elle-même assez mal connue des services de renseignement. Malgré l'existence de ces entités, et de multiples bureaux de liaison, la communication entre les services reste complexe. Ce manque de coopération aurait notamment compliqué le suivi d'Amedy Coulibaly et des frères Kouachi. Les problèmes liés à ce «millefeuille» ont été soulignés dans un rapport d'information du Sénat.
Manque de moyens, manque de formation et bureaucratie
Le manque de formation à la problématique djihadiste dans les différentes administrations conduit à de dangereuses négligences. Le renseignement pénitentiaire fonctionne mal, du propre aveu du ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas. Le personnel des prisons n'est pas toujours formé à la question djihadiste. C'est pour cette raison que le renseignement intérieur n'a pas été alerté lors de la libération du détenu Amedy Coulibaly, qui s’était radicalisé en prison. Quant aux djihadistes soumis à un contrôle judiciaire, ils ne sont pas surveillés avec davantage d'attention. Ce qui a permis à deux kamikazes du Bataclan d'arrêter de pointer au commissariat sans que cela ne prête à conséquences. Ces derniers ont également pu faire refaire leur passeport.
Les renseignements sont également confrontés à un manque de moyens humains et matériels, détaillé dans une enquête de Mediapart. À la DGSI, les services sont contraints de se partager les véhicules, ce qui compromet parfois les filatures, les plaques d’immatriculation étant identifiées par les djihadistes. Parce qu'ils sont connectés au système informatique de la police, les ordinateurs des Renseignements Territoriaux ont le plus grand mal à accéder aux contenus djihadistes. Les agents de la DGSI et des RT croulent sous les signalements, notamment via le numéro vert Stop Djihadisme. Le recrutement des «sources humaines» est également en crise depuis le traumatisme de l'affaire Merah: la direction parisienne de la DCRI souhaitait faire du futur «tueur au scooter» un informateur, contrairement à l'avis de ses équipes toulousaines.
Les agents sont enfin contraints par une forme de politique du chiffre. Les fonctionnaires du renseignement sont encouragés à produire toujours plus de notes. «Pour respecter les quotas de productivité, on fait des notes sur tout et n’importe quoi. On ne cherche plus à comprendre et anticiper les événements», témoigne un analyste de la DGSI dans l'article de Mediapart. Les agents du renseignement territorial sont encouragés à produire un maximum de notes sur un maximum d'individus. Ce qui les protège également si jamais un individu passe à l'acte. Mais éparpille dangereusement leurs efforts.
Pour le ministre de l’Intérieur, il n’y a «pas de failles»
Face à ces critiques, le ministre de l'Intérieur entend rester «droit dans ses bottes». Moins d'un mois après les attentats du 13 novembre 2015, lors d'un colloque sur le terrorisme à l'échelle européenne, il s'en prend aux «experts» et au «discours éternel et réitéré sur les failles». Fin janvier 2016, lorsque Mediapart dévoile les conditions de l'offensive du Raid du 18 novembre 2015 à St-Denis, il reproche aux «commentateurs» de... ne jamais avoir pris place dans une «colonne d'assaut».
Vous partez du principe qu'il y a des failles et que votre commission doit le démontrer. Ce n'est pas des failles qu'on présuppose que l'on doit argumenter
Bernard Cazeneuve
En juin 2016, Bernard Cazeneuve est auditionné par la commission d'enquête parlementaire sur les moyens mis en œuvre par l’État pour lutter contre le terrorisme depuis les attentats du 7 janvier 2015. D’emblée, il contredit son président, le député LR Georges Fenech: «Vous partez du principe qu'il y a des failles (…) et que votre commission doit le démontrer. (…) Ce n'est pas des failles qu'on présuppose que l'on doit argumenter», affirme-t-il.
-@BCazeneuve furieux contre le pdt de la commission d’enquête /attentats de 2015 #DirectAN https://t.co/Jte6ZXq5ng
— LCP (@LCP) June 2, 2016
https://t.co/sxE4KhqlEn
«La direction générale de la sécurité intérieure (...) n'a pas pour mission d'enquêter sur des ressortissants étrangers opérant à l'étranger. (…) Il est donc pour le moins réducteur d'imputer aux services de sécurité intérieure français et à eux seuls un défaut de vigilance ou de clairvoyance», se défend le ministre.
#Attentats : "Je ne suis pas sur la défensive, je suis sur l'obsession des faits", dit @BCazeneuve #DirectAN https://t.co/rir1Ocu4sg
— LCP (@LCP) June 2, 2016
«Bernard Cazeneuve est entendu par la commission d'enquête juste après Jean-Jacques Urvoas, le ministre de la Justice, qui fait son mea culpa complet, notamment sur le renseignement pénitentiaire et les détenus radicalisés. Cazeneuve arrive et on le voit ressortir ses chiffres, ses arrestations, le “pas de failles”. On lui parle de Samy Amimour qui était sous contrôle judiciaire et interdit de quitter le territoire français, mais qui a pu faire refaire son passeport et partir en Syrie. Réponse du ministre: “non, ce n'est pas vrai”. On lui parle des problèmes de Sentinelle. Il dit: “Sentinelle, ce n'est pas moi, c'est Le Drian.” Bref, une posture de déni», raconte Emmanuel Domenach, vice-président de l'association de victimes Fraternité et Vérité.
Le 5 juillet 2016, la commission d'enquête rend son rapport. Celui-ci évoque un «échec global du renseignement», pointe les défaillances déjà évoquées et présente plusieurs pistes de réforme. Parmi elles, des fusions de directions (celle du renseignement de la préfecture de Paris devant notamment être absorbée), la création d'une agence nationale du renseignement, ainsi que la fusion de l'EMOPT et de l'UCLAT, qui ont la même fonction. Mais lorsque Sébastien Pietrasanta, le rapporteur (PS) de la commission interpelle Bernard Cazeneuve pendant les questions au gouvernement, ce dernier réplique: «Si elle devait être un guichet de plus là où vous pensez qu'il y en a déjà trop, nous serions dans une situation où nous aurions transformé le millefeuille que vous regrettez en plum pudding. Ce n'est pas l'objectif du gouvernement!» Une métaphore pâtissière plutôt indigeste pour les associations de victimes.
Moins de quinze jours après l'attentat perpétré à Nice le 14 juillet 2016, Libération révèle des défaillances dans la sécurisation de la promenade des anglais par la police. Le début de la zone piétonne devait être barrée par des voitures de police. Il n'était en fait protégé que par des barrières métalliques et des policiers municipaux. Une fois de plus, Bernard Cazeneuve reste droit dans ses bottes, affirmant dans un communiqué:
«Le dispositif mis en place le 14 juillet était, pour ce qui concerne la police nationale, conforme en tous points aux réunions préparatoires conduites entre la préfecture et la mairie, à leurs conclusions adoptées en commun, et à la note de service de la police nationale».
Non sans reprocher au journal des «procédés qui empruntent au ressort du complotisme».
Les raisons d'un entêtement
Les associations de victimes demandent alors à rencontrer le ministre. En privé, Bernard Cazeneuve reconnaît des erreurs et dit regretter ses excès de langage. Il affirme également qu'il juge le sujet du terrorisme trop complexe pour être débattu avec les médias et le public. Le ministre souhaite également soutenir ses équipes et refuse donc de prendre des sanctions.
«Bernard Cazeneuve nous dit: je suis ministre de l'Intérieur, je dois défendre mes équipes, indique Emmanuel Domenach. Si vous voulez m'entendre dire qu'il y a eu des défaillances, des erreurs, oui. Mais je ne veux pas jeter des responsables dans la fosse médiatique. Mais la logique aurait voulu qu'il y ait des sanctions. Au bout d'un moment, c'est très dur pour nous qu'aucune conséquence ne soit tirée. Mais en Belgique, c’est pareil.»
Il explique qu'il s'oppose à une refonte de l'organisation des services de renseignements, par crainte de les désorganiser davantage.
«Selon le ministre, il ne veut pas chambouler une nouvelle fois les renseignements qui ont été “massacrés” par Sarkozy. Moi qui avais lu le rapport de la commission d’enquête, je lui ai parlé de la fusion des directions régionales, au moins celle de la préfecture de Paris avec les autres. Il m'a répondu: “Oui mais vous ne vous rendez pas compte, la direction des renseignements parisiens m'aide sur d'autre chose.” Quel rapport? On peut très bien garder les renseignements parisiens sur les manifestations et les hooligans et faire quelque chose sur le renseignement terroriste, la DGSI. Encore une fois, il a répliqué que c'était compliqué.»
Bernard Cazeneuve apparaît également désemparé face aux transformations de la menace terroriste. Un trait qui semble partagé par François Hollande.
On attend beaucoup de l'enquête mais aujourd'hui, il y a une grande défiance des familles de victimes vis-à-vis de Bernard Cazeneuve
«Quand on a rencontré le Président de la République en mars 2016, je lui ai dit: “les familles des victimes sont très choquées d'avoir face à elles quelqu'un qui nous dit qu'il n'y a pas eu de failles, rapporte Emmanuel Domenach. Si l'on ne tire pas les conséquences du 13 novembre, ça va se reproduire.” Le président de la République me répond: “J’ai toute confiance en mes ministres, mais il faut nous comprendre. Avant, on avait affaire à des loups solitaires. Maintenant, ce sont des cellules organisées, on n'était pas préparé.” Après l'attentat de Nice, ils ont dit: “C'était un loup solitaire, on n'était pas préparé...”»
Le ministre de l'Intérieur propose ensuite aux adhérents de l'association Fraternité et vérité de lui transmettre leurs questions afin qu'il y réponde. Il tient parole, dans une certaine mesure.
«Le problème, c'est que ses réponses étaient: “Ce n’est pas moi, il faut voir avec le ministère de la Défense, c'est la faute de la Belgique, de Schengen.” On attend beaucoup de l'enquête mais aujourd'hui, il y a une grande défiance des familles de victimes vis-à-vis de Bernard Cazeneuve. En gros, ce qu'il nous a dit sur le renseignement, c'est: “les grosses réformes, c'est pour le prochain gouvernement, et pour le reste, je ne veux pas chambouler mes équipes et je ne veux pas jeter en pâture aux médias mes responsables.” On était face à quelqu'un qui nous parlait de l'après-2017 en disant: “de toute façon, je ne serai plus là.”»
Place Beauveau, on entend effectivement ce son de cloche. «Dans ce qui s’est passé avec Abaaoud, on voit que le niveau européen est fondamental. Ce n’est pas une question de renseignement intérieur», affirme un membre du ministère de l’Intérieur.
Une action spectaculaire mais incomplète
Les défaillances ne se limitent effectivement pas au renseignement intérieur français. Le faible niveau de coopération entre services français et étrangers, les propres défaillances de ces derniers, et le manque de contrôle aux frontières extérieures de l’Europe, ont permis les attentats. Bernard Cazeneuve agit donc sur ce terrain. Il défend la mise en place d’un contrôle des citoyens européens au niveau des frontières extérieures de l’Europe, et non plus des seuls étrangers. Prône la transformation de Frontex en un corps européen de gardes-frontières, actée en juin 2015. Cherche à mobiliser l’Europe contre les «vrais-faux» passeports, ces passeports syriens vierges volés par l’EI et utilisés par certains des terroristes du 13 novembre. Soutient un contrôle renforcé des armes à feu dans l’Union Européenne. Souhaite contraindre les messageries chiffrées (notamment Telegram) à collaborer à la lutte antiterroriste, comme les opérateurs télécom. Apporte son soutien à la mise en place du registre européen des passagers aériens (PNR), adopté en avril 2016 par le Parlement européen.
L'action du ministre s'est également concentrée sur les moyens humains et matériels de la lutte antiterroriste. En janvier 2015, il annonce l'embauche de 500 agents pour la DGSI, 500 autres pour les renseignements territoriaux et 200 pour la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris. Cette annonce prévoit également 233 millions de crédits d'investissement pour le ministère de l'intérieur, dont 12 millions pour la DGSI. Après les attentats de novembre 2015, 5000 embauches supplémentaires sont annoncées dans la police et la gendarmerie. En tout ce sont plus de 9000 embauches de policiers et de gendarmes qui sont prévues, dont environ 2.000 pour le renseignement intérieur.
Néanmoins, Emmanuel Domenach déplore que les conséquences n’aient pas été tirées après les attentats du 13 novembre.
«C'est une sorte de cercle vicieux: un attentat, une commission d'enquête parlementaire, les personnes interrogées ne disent pas spontanément qu'ils ont échoué mais que c’était le voisin, la commission fait ses conclusions, personne ne les suit. Un autre attentat, on prend quelques mesures. Jusqu'au prochain attentat.»
Les réformes structurelles, notamment la réorganisation des services de renseignement, ne sont toujours pas à l'ordre du jour.
«La priorité pour nous, c'est un vrai retour, une enquête publique. Ensuite, une réorganisation des services de renseignement avec une vision plus adaptée au fait djihadiste, avec un service national antiterroriste et un meilleur suivi des djihadistes en prison et sous contrôle judiciaire. Il faut réorganiser les services avec un objectif de simplification. Or, on a l'impression d'une guéguerre entre ministères: justice, intérieur, défense... La lutte contre le terrorisme vaut mieux que des batailles de clocher.»
«On nous prend un peu pour des cons en fait»
Si les associations de victimes ont obtenu gain de cause sur certains sujets (armement des policiers de la BAC, mise en place du PNR, création d’un schéma national d’intervention des forces spéciales), Emmanuel Domenach se dit préoccupé par l'inertie du gouvernement sur certains sujets, comme le retour en France des djihadistes français passés par la zone syro-irakienne. Il déplore la focalisation du gouvernement sur des mesures spectaculaires et polémiques mais finalement peu adaptées.
Ce sont des jeunes en train de rigoler et qui vous tirent dessus. Ils n'en ont rien à foutre de la déchéance de nationalité
«Ils ont l'impression de nous faire plaisir en nous mettant devant le nez l'internement préventif des les fichés S, la déchéance de nationalité, alors que les victimes ne veulent pas de ça. On nous prend un peu pour des cons en fait. Sauf que la plupart des victimes connaissent un peu le sujet. On a eu combien d'attentats depuis un an et demi en Europe? Parfois j'aimerais que les gens qui font ces propositions comprennent ce que c'est, un attentat terroriste. Ce sont des jeunes en train de rigoler et qui vous tirent dessus. Ils n'en ont rien à foutre de la déchéance de nationalité. Sur la question de l'état d'urgence, auquel on n'est pas forcément favorable, il nous a répondu “Ne vous en faites pas, on est prêts à arrêter l'État d'urgence”. C'était début juillet. Et le 14 juillet, on a eu un attentat à Nice.»
De son côté, Sébastien Pietrasanta, rapporteur de la commission d'enquête, assure que Bernard Cazeneuve est plutôt d'accord avec les propositions de la commission d'enquête, même si des désaccords persistent. «Le ministre a formulé douze pages de réponse au travail de la commission d'enquête, où il reprend les propositions une par une. Depuis la rentrée, on a une mission d'information pour suivre les avancées sur les propositions de la commission d'enquête au niveau des différents ministères.»
Bernard Cazeneuve a néanmoins écarté les réformes les plus importantes. Son successeur saura-t-il se montrer plus audacieux?