C'est un mauvais réflexe que tout le monde a déjà expérimenté. Réveillé, au petit matin, par la sonnerie agressive de votre réveil (ou de votre téléphone), vous balancez une fraction de seconde plus tard –après avoir jugé que vous méritez bien quelques minutes de sommeil en plus– maladroitement votre bras en direction de l'appareil afin de presser le bouton snooze qui, pour votre plus grand bonheur, vous offrira un court répit. Et, même si vous ne ressentez pas tout de suite les bienfaits de ces cinq minutes de repos supplémentaires, vous aurez tendance à penser que cela paiera tôt ou tard.
Or, malheureusement, il s'agit là d'une hypothèse erronée et d'un réflexe à proscrire, explique Dan Ariely, professeur de psychologie à l'université de Duke, aux États-Unis et spécialiste du comportement, dans un dialogue avec les lecteurs organisé par le Wall Street Journal. Repousser l'heure de votre réveil n'égayera pas votre matinée, explique-t-il. Bien au contraire, cela bouleverse votre cerveau et rend votre routine matinale plus douloureuse qu'autre chose. Pour Dan Ariely, la sonnerie de votre réveil ou de votre téléphone doit agir sur vous comme le signal qu'il est temps de se lever, à la manière du conditionnement théorisé par les expériences du médecin russe Ivan Pavlov.
Ne pas se laisser piéger
Comme le chien de cette expérience qui se mettait à baver au son d'une cloche car il avait compris que c'était le signe que sa gamelle était sur le point d'être servie, le réveil doit être, pour nous humains, le signe qu'il faut se lever sans attendre. Si vous vous levez systématiquement lorsque votre réveil se met en marche, selon le professeur, vos réveils seront bien plus faciles à digérer. En utilisant le bouton snooze, votre cerveau reçoit un message confus. «Parfois, nous entendons le réveil et nous nous levons dans la foulée; parfois, nous l'entendons et nous le repoussons pendant dix minutes, puis vingt minutes, et ainsi de suite», explique-t-il.
Le New York Magazine résume:
«En d'autres mots, appuyer sur le bouton snooze rompt le lien mental entre le son de l'alarme et la nécessité de se lever, ce qui rend plus difficile la manière de déterminer quel est le bon moment de quitter votre lit.»
Fast Company s'était déjà intéressé, en 2013, à l'influence du bouton snooze sur le cerveau et, plus largement, sur l'organisme. La conclusion était plutôt claire: repousser l'heure de votre réveil ne comporte aucun bienfait à court-terme. Malgré la sensation de bien-être et l'illusion de se débarasser de la fatigue que l'on peut éprouver sur le moment, un sommeil ponctué de fréquentes interruptions n'a rien de très utile. Pire, il empêche d'attendre le sommeil profond, lui, véritablement réparateur qui vous fera vous sentir plus en forme.
Désormais, le mieux qu'il vous reste à faire est donc de régler votre réveil à l'heure où vous devez vraiment vous lever –et non quelques minutes avant, ce qui vous laisserait la possibilité de repousser l'heure– et quitter votre lit dès que ce dernier retentit. Sans exception. Essayez donc, votre corps vous en sera probablement reconnaissant.