En Afghanistan, les combattants talibans cachent leur identité sous leurs châles. Mais ce qu'ils ne dissimulent pas, c'est leur jubilation à chaque victoire. Désormais, chaque parcelle de terrain foulée fait l'objet d'un tweet, d'une vidéo filmée par ces insurgés qui veulent diffuser leurs faits et gestes en temps réel, afin d'inonder les canaux d'informations et de de susciter la peur. Une véritable guerre d'images, de tweets et de vidéos qu'aborde le jeune afghan Mujib Mashal dans un article publié par le New York Times.
La vidéo relayée par le quotidien américain dans cet article est révélatrice. On y aperçoit le rond-point principal de la ville de Kunduz aux mains des Talibans. Les jeunes soldats veulent montrer aux forces armées afghanes et américaines qu'elles n'ont pas été à leur hauteur, elles qui s'étaient engagées à faire du nord de la ville un lieu sécurisé sous leur propre contrôle. Mais ce qui est aussi étonnant dans cette vidéo, c'est lorsqu'on entend l'une des personnes en arrière-plan dire clairement:
«Je te rappelle. Le drapeau est en train d'être hissé. Il faut que je filme.»
D'ailleurs, c'est presque devenu un réflexe pour les combattants. Lorsque le gouvernement afghan avait affirmé avoir repoussé les insurgés loin de la capitale de la province méridionale de Lashkar Gah il y a quelques semaines, les Talibans ont aussi rapidement riposté une vidéo montrant l'un de leur combattant circulant librement autour de la périphérie de la ville, volant dans une main, micro dans l'autre.
La guerre des images
Déjà dans le passé, les Talibans diffusaient longtemps après les faits, des vidéos d'attentats suicide. Aujourd'hui, ils veulent mettre les nouvelles technologies à leur profit pour diffuser leur avancée en temps réel. C'est d'ailleurs ce que prouve une vidéo diffusée par les Talibans et filmée pour la première fois à l'aide d'un drone.
D'après L'Orient le Jour, la vidéo de 23 minutes diffusée sur la messagerie cryptée Telegram montre un taliban vêtu du blanc des martyrs prier, avant de s'engouffrer dans une voiture piégée qui explosera quelques minutes plus tard dans le quartier central de Nawa, dans la province de Helmand.
Dans cette même région, les Talibans obligent les fournisseurs de réseau à arrêter leur tour de signal dès que les combats s'intensifient. Zabihullah Mujahid, porte-parole des Talibans, explique que son but est de gêner la communication du gouvernement avec les responsables locaux et les journalistes.
Ils veulent devenir la seule source d'informations de ces zones dangereuses, afin d'amplifier la peur. Une guerre des images qui, selon Sediq Sediqqi, porte-parole du ministère de l'Intérieur afghan «vise à exagérer les victoires pour galvaniser les troupes et propager la terreur». Ce mode de communication, on le connait. Il rappelle celui de l'État islamique.