Omair Shaaban est un étudiant de l'université d'Alep. Du moins, avant que les bombardements ne le forcent à se confiner chez lui et l'empêchent de rejoindre le campus situé dans un quartier contrôlé par le gouvernement syrien. Dans le Washington Post, il raconte comment il a perdu nombre de ses amis depuis le début de la guerre en Syrie et comment il tente de survivre avec sa femme. Comme 250.000 personnes à Alep, le couple est piégé, assiégé dans l'est de la ville. «Si tu veux rester en vie à Alep, il faut te débrouiller pour te tenir à l'écart des explosions et de la faim», écrit Omair Shaaban.
D'abord, précise-t-il, il faut déménager et choisir dans un appartement situé dans les étages inférieurs des quelques immeubles qui tiennent encore debout. En cas de bombardement, où ce sont les étages les plus élevés sont les plus vulnérables, c'est le seul moyen de s'en tirer. Omair Shaaban et sa femme, eux, vivent au deuxième étage d'un immeuble, mais ne semblent plus vraiment rassurés. Et pour cause, en septembre, lors d'une attaque coordonnée du régime de Bachar al-Assad et des forces armées russes, de nouvelles bombes ont été utilisées et, cette fois, elles étaient capables de détruire un immeuble entier.
Les jardins deviennent des cimetières
Les pièces –chambres, salons, cuisines...– qui donnent sur la rue sont à éviter. «La lumière à une fenêtre attire les bombardements et les snipers, précise-t-il. Ces pièces sont dédiées au stockage». Omair Shaaban et sa femme vivent alors dans les pièces intérieures, sans électricité, et ne sortent quasiment jamais de l'appartement. «Si nous devons mourir, on préfère être ensemble au moment où cela arrive», dit-il. Omair Shaaban évoque, dans son article, les écoles souterraines, le bruit des avions la nuit «qui rendent fou» ou encore la difficile quête de nourriture. «Si vous n'êtes pas encore tué par une bombe ou un obus, votre plus gros problème sera de vous alimenter», poursuit-il.
Dans les rues d'Alep, pas de viande, pas de lait, pas de yaourts. Le pain, lui, se fait extrêmement rare et les prix atteignent généralement des sommes exorbitantes au marché noir. Il faut alors compter sur le riz et les pâtes distribués par les organisations humanitaires, du moins lorsqu'elles ne sont pas revendues.
Et les légumes, dans tout ça?
«Peut-être songerez-vous à faire pousser des légumes dans votre jardin. Dans mon quartier, les gens font pousser des aubergines, de la menthe ou du persil, note Omair Shaaban. Beaucoup de jardins sont devenus des lieux de sépulture car, après quatre années de guerre, il n'y a pas d'autres lieux pour enterrer les corps. Mais si l'alternative est de mourir de faim, vous ne verrez pas d'inconvénients à manger de la nourriture qui a poussé parmi des cadavres».