En 2003, une actrice britannique de la Royal Shakespeare company a créé une méthode thérapeutique qui utilise Shakespeare pour aider les enfants autistes à mieux comprendre les émotions et la communication non verbale. La «Hunter heartbeat method», du nom de sa créatrice Kelly Hunter, s'appuie sur des pièces comme La Tempête pour permettre aux enfants autistes d'explorer la communication humaine via la poésie, rapporte Quartz.
Les ateliers, qui sont supervisés par des acteurs, durent une heure et commencent avec une série de «hello» proclamés alors que les participants marquent le rythme des battements du coeur sur leurs poitrines, tout en se regardant dans les yeux.
Kelly Hunter a décidé d'utiliser La Tempête pour ces ateliers car la pièce regorge d'émotions particulièrement intenses. Dans une session, les participants utilisent le monstrueux Caliban: les acteurs jouent ce personnage et les enfants autistes essayent de lui apprendre à parler et à interagir avec les autres. Jouer avec les voix et les expressions faciales exagérées de la pièce de Shakespeare apprend aux enfants autistes à mieux communiquer. Hunter a aussi créé des ateliers avec des pièces comme Le Songe d'une nuit d'été et Macbeth.
Pendant des années, le programme était utilisé dans des écoles avec succès et cet été, des chercheurs en psychologie à l'Ohio state University ont publié une évaluation scientifique de la méthode.
«C'est assez impressionnant de voir comment une pièce shakespearienne peut être transformée en intervention thérapeutique», a expliqué Marc Tassé, un des auteurs de l'article.
Des progrés fulgurants
L'étude, publiée dans la revue Research and practice in intellectual and developmental disabilities, a suivi quatorze enfants âgés de dix à treize ans qui ont participé aux ateliers une heure par jour pendant dix semaines. Après les deux mois et demi de sessions thérapeutiques, les enfants ont eu de meilleurs résulats à un test mesurant leur capacité à communiquer, leur sociabilité et leur reconnaissance des émotions du visage.
Le but pour les chercheurs est maintenant de reproduire ces résultats avec un plus grand échantillon de participants.
Robin Post, une professeure d'art dramatique qui a participé aux ateliers à Ohio state University explique que chez certains enfants, les progrès ont été fulgurants: un garçon qui ne parlait pas au début des ateliers s'est mis à dire plusieurs mots lorsqu'il jouait.
«La complexité des récits de Shakespeare permet d'introduire une grande variété d'expressions communicatives, explique Post. De plus, le rythme de la poésie a l'air de vraiment résonner avec les enfants qui ont des troubles liés à l'autisme.»