L'idée du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, d'instaurer un «couvre-feu» pour les mineurs délinquants de moins de 13 ans a suscité de nombreuses réactions de tous bords.
La première secrétaire du PS, Martine Aubry, a estimé mercredi 4 novembre sur RTL que le gouvernement se «moquait du monde»: «Ce ne sera jamais que le 23e texte sorti par le gouvernement sur la sécurité (depuis 2002), nous faisant croire à chaque fois qu'il y avait un problème qu'il suffisait de faire voter une loi pour que ça change». «La sécurité est un problème global, c'est un problème de prévention», «un problème de sanctions» et «un problème de moyens notamment en hommes pour régler les problèmes», a poursuivi la maire de Lille.
Le FN a pour sa part qualifié la proposition d'«écran de fumée»: «Le gouvernement vient d'avouer par la voix de son ministre de l'Intérieur sa totale impuissance à rétablir la sécurité en faisant la promotion d'un gadget destiné à tromper les électeurs sur ce sujet», estime Louis Aliot, son secrétaire général, dans un communiqué. Selon lui, Hortefeux fait preuve d'«un rare cynisme dans la mesure où il est bien incapable de pouvoir le faire appliquer».
Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, a qualifié de «non-assistance à enfant en danger» la réaction de Martine Aubry, estimant «que le PS, comme à son habitude fasse l'autruche, de peur de prendre ses responsabilités ce n'est malheureusement que l'habitude».
Pour Nicolas Comte, secrétaire général de l'Union SGP-FO/Unité police (1er syndicat de gardiens de la paix), la mesure est «inapplicable» et «ne fera ni chaud ni froid aux mineurs délinquants», reflétant le sentiment général chez les syndicats de police et de magistrats.
Plusieurs membres de la majorité ont soutenu la proposition, comme le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand: «Brice Hortefeux a voulu ouvrir un débat sur la question», et «il a raison», a-t-il déclaré dans l'émission «questions du mercredi» sur France Inter. «Cela renvoie à l'éducation des enfants et à la responsabilité des parents» selon Bertrand, qui évoque également la question de la vidéoprotection comme solution à développer pour lutter contre l'insécurité.
Les données mêmes sur lesquelles se base Hortefeux pour justifier son idée sont également sujettes à débat. Le sociologue Laurent Mucchielli conteste par exemple le fait que la part des mineurs dans la délinquance augmente, et pointe du doigt les interprétations faites par le ministre des chiffres.
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Image de Une: martathegoodone, Flickr, CC