C'est une de ces petites polémiques françaises de clocher comme on les aime tant. «Le port du jogging est interdit». La mesure est appliquée depuis septembre dans un lycée public des Yvelines, raconte Le Parisien. À Limay, le lycée Condorcet a inscrit dans son règlement intérieur un «dress code scolaire» qui n'autorise ni le port de casquettes et autres couvre-chefs, ni celui de ces pantalons de survêtement amples, confortables et tendances dont raffolent beaucoup d'adolescents.
Les raisons invoquées par les responsables de l'établissement? Au début, il s'agissait d'une mesure seulement applicable aux élèves des classes professionnelles section commerce, rapporte Le Point. Mais la distinction des élèves étant peu évidente, la restriction a été appliquée à toute l'école.
Que risquent les élèves qui enfreignent le règlement? Une après-midi de colle, le mercredi. Évidemment, ils se sentent entravés dans leur liberté. Les parents grincent des dents et une petite polémique enfle. Mais que peuvent-ils faire?
La loi ne prévoit rien
Seul «le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse» est interdit par la loi du 5 mars 2004 sur la laïcité. Rien d'autre ne vient préciser ce qu'est une tenue adaptée au cadre scolaire.
Pourquoi? Parce que c’est à chaque établissement que revient la décision d'interdire ou non, le port de certains vêtements et accessoires via le règlement intérieur. La mesure fait alors l'objet d'une concertation collégiale et elle est votée par le conseil d’administration de l’école composé du corps enseignant et de parents d’élèves. D'ailleurs, chaque décision est soumise à un contrôle de légalité afin que les services de l’éducation nationale s’assurent qu’il n’y a pas d'abus. Et face à cette «liberté», force est de constater que chaque école choisit sa propre police vestimentaire.
Shorts, tongs, vêtements déchirés, jupes trop longues
Jugés trop provocants, trop décontractés et inappropriés à un cadre de travail scolaire, de nombreux vêtements et accessoires ont été interdits ces dernières années un peu partout en France, provoquant quasi-systématiquement l'indignation des écoliers. Parmi la liste noire des règlements intérieurs? Les hauts trop courts ou trop décolletés, les shorts, pantalons taille basse, leggings, strings, piercings, jeans déchirés, talons hauts et mini-jupes. Parfois au grand dam des jeunes élèves...
Nouveau reglement dans mon ecole: les legging sont interdit #rip
— Meuporg (@Louispens) 3 septembre 2015
@Stephaaaniiiiie on peut rien faire même porter un jean déchiré au genou c'est interdit
— laurna (@boimeetsworId) 20 septembre 2013
j'ai envie d'un piercing au nez , mais vu que dans le règlement de mon école c'est interdit , je peux pas le faire :((((
— Et l'Eau Dit (@ElodieMcClair_) 7 décembre 2014
A Marseille, un lycée a même fait interdire le port de vêtements de marques à ses élèves, afin de prôner la neutralité, l'égalité et de limiter les risques de racket.
Excellente décision de l'école Provence #Marseille 8ème : pas de vêtement de marque - à mention ostentatoire à l'école !!!
— Luc Philogyne (@LucPhilogyne) 3 juillet 2014
Sans oublier bien sûr, certaines élèves qui se sont au contraire faites réprimander pour une jupe trop longue, directement perçue par certains chefs d'établissements comme un signe d'appartenance religieuse. Là, tout est question d'interprétation.
Encore une ado expulsée du lycée pour sa jupe trop longue... #JePorteMaJupeCommeJeVeuxhttps://t.co/p1BW1NMDP7 pic.twitter.com/XB9MxchQoE
— Georgette Sand (@Georgette_Sand) 5 mai 2016
Dans une société où la communication est reine et la liberté une revendication permanente, le cadre scolaire semble tiraillé de tous côtés. Tenus d'édicter une norme et de contenter élèves et parents, lycées et collèges deviennent ainsi des reflets des tensions qui traversent la société. Au point que certains rêvent toujours d'abandonner le vêtement au profit de l'uniforme.
En attendant à Limay, la fronde des parents a eu raison de la décision du proviseur. Le rectorat a exigé l'arrêt des sanctions et un nouveau règlement intérieur doit être rédigé, indique Le Point. Nul doute que le nouveau cadre ainsi établi devra obtenir un meilleur assentiment des parents.