En décembre 2015, Donald Trump a été interviewé dans InfoWars, l'émission d'Alex Jones, un présentateur radio qui pense, entre autres, que le gouvernement américain met de l'oestrogène dans les cartons de jus pour rendre les garçons gay. La présence du candidat dans une émission connue pour son complotisme était en soi déjà étrange, mais Trump en avait également profité pour féliciter Alex Jones de son «excellente réputation».
À moins d'un mois de l'élections présidentielle, Jones, qui est supporter de Trump, vient de déclarer qu'il tenait un gros scoop: des «gens haut placés» lui ont dit que Barack Obama et Hillary Clinton «sentent le soufre», et qu'ils sont probablement des démons.
«Il y a des douzaines de vidéos et de photos d'Obama avec des mouches sur lui, à l'intérieur, pendant différentes saisons, il est à côté de cent personnes et personne n'a de mouche. Hillary, il paraît, des gens proches d'elle m'ont dit qu'ils pensent qu'elle est possédée par des démons, ok? Je vais juste le dire, ok?»
Grotesque
Le présentateur parvient à tenir près de cinq minutes pour expliquer que Clinton est littéralement une créature venue de l'enfer:
«J'ai parlé à des gens des services de protection rapprochée, et ils ont peur d'elle. Ils disent que c'est un putain de démon et qu'elle pue et qu'Obama aussi.
À ce niveau grotesque, ces déclarations deviennent comiques et peuvent sembler anodines. Après tout, Alex Jones n'est qu'un troll d'extrême-droite. Mais il a tout de même un public assez important –environ deux millions d'auditeurs par semaine– et surtout, Trump et ses proches ont plusieurs fois cité son «travail». Le fils Trump avait retweeté une de ses théories sur le fait que Clinton portait un écouteur caché pendant un forum télévisé avec Trump en septembre. Et lors d'un meeting de campagne en juin 2016, Trump avait insinué qu'il n'y avait pas de véritable sécheresse en Californie et qu'il s'agissait d'une manipulation venant d'agences environnementales, une autre théorie promue par Alex Jones.
Comme l'explique Ezra Klein dans Vox:
«Quand vous entendez un présentateur radio apprécié par Trump dire qu'Hillary Clinton et Barack Obama sont littéralement des diables venus d'enfer et qui attirent des mouches et sentent le soufre –imaginez quelles idées sur Clinton semblent alors raisonnables pour les gens qui marinent dans ce genre de rhétorique et de vitriol.»