Selon une méta-analyse de 311 articles neuroscientifiques incluant des données empiriques sur des rongeurs (souris et rats), les femelles ne sont pas plus variables que les mâles – et ce, même quand les animaux ne sont pas stérilisés. Cela remet sérieusement en question un argument scientifique courant pour expliquer (si ce n'est justifier) le manque de femelles dans la recherche: la plus grande facilité d'étude que représenteraient les mâles. A cause du cycle ovarien et des fluctuations hormonales qu'il génère, poursuit l'argumentation en question, les données obtenues sur des femelles seraient plus irrégulières, moins fiables et donc plus compliquées à intégrer dans la suite du processus biomédical.
Le problème, c'est qu'avec une recherche clinique sexuellement déséquilibrée dès le départ et extrapolant des données issues de cobayes mâles à l'ensemble de la population, la physiologie des femmes finit par être moins bien connue, et leurs maladies moins bien soignées. Si, depuis plus de vingt ans, diverses institutions sanitaires internationales tirent la sonnette d'alarme, à l'heure actuelle, le retard est encore patent.
«Par conséquent», soulignent les trois auteurs de l'étude Jill B.Becker, Brian J. Prendergast et Jing W. Liang, «toutes les chances d'accéder à une médecine personnalisée pour les femmes dans un avenir proche semblent très minces, vu que la base scientifique sur laquelle les décisions médicales sont prises relève toujours de données émanant essentiellement d'hommes».
Menée sur 6.000 points de comparaison, leur méta-analyse conclut à «l'absence de différences sexuelles dans la variabilité des traits» étudiés, regroupés dans quatre catégories: l'histologie, la neurochimie, l'électrophysiologie et les comportements. Les chercheurs en concluent que «même lorsque des rats femelles sont utilisés dans des expériences neuroscientifiques qui ne prennent pas en compte le stade du cycle œstral, leurs données ne sont pas plus variables que celles de rats mâles».
Des résultats qui vont dans le sens d'une autre étude portant sur l'expression génique chez les souris et les humains des deux sexes. Publiée en 2015, elle concluait à l'absence d'une variabilité suffisante entre mâles et femelles pour justifier l'exclusion de ces dernières des protocoles expérimentaux pour des raisons méthodologiques.