Monde

Claude Allègre: Copenhague sera un échec

Temps de lecture : 3 min

La logique des interdictions, des taxes, de la régression et de la décroissance est irréaliste et inopérante.

La conférence de Kyoto a été un échec. Elle avait fixé comme objectif une réduction des émissions de gaz a effet de serre, leurs dégagements ont augmenté de près de 50%. Ceux qui veulent s'accrocher à cette logique, vous diront que c'est parce que les Etats-Unis et la Chine n'ont pas signé le protocole. Ceux-là sont les tenants du Yaka. Car si les Etats-Unis sous la présidence de Clinton dans un premier temps, et la Chine n'ont pas signé ce protocole c'est que l'objectif dans sa brutalité était incompatible avec le développement économique de ces pays.

On nous dit parfois, c'est vrai Kyoto n'a eu que peu d'effets concrets, mais il a contribué à une prise de conscience des dangers du changement climatique. L'argument se retourne comme un gant. Kyoto a permis d'organiser une agitation planétaire sans aucune prise sur le monde réel. On a fait croire qu'il suffisait de faire des discours alarmistes pour résoudre les problèmes et que l'écologie était synonyme de dénonciation sans action. On n'a pas cessé d'opérer ainsi depuis lors. Quant au marché du carbone, à savoir l'achat du droit a polluer par les pays riches pour soi disant aider les pays pauvres à se développer sans polluer, outre son côté néo-colonialiste il s'est avéré un fiasco total sur le plan économique.

Or, on lance Copenhague avec la même logique, celle des quotas et des interdictions, des échéanciers de réduction et des discussions interminables sur des pourcentages totalement irréalistes. On va vers l'échec et cette perspective ne semble émouvoir personne. Les pays en développement disent «si les pays développées veulent que nous prenions des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre qu'ils payent pour cela! Ce sont eux qui ont pollué la planète, c'est à eux de réduire leurs émissions et de payer pour réduire les nôtres. Personne, vous entendez personne, n'empêchera la Chine (qui construit chaque semaine une centrale à charbon) ou l'Inde de se développer. Ceux qui défendent l'idée que ces pays ne peuvent pas, ne doivent pas, se développer comme nous, sont en fait des Néo-colonialistes, déguisés en défenseurs de la Planète! Nous nous sommes développés, nous nous sommes gavés, de grâce qu'ils ne nous imitent pas!

Naturellement, les pays «riches» répondent qu'ils sont près à aider mais lorsqu'on passe a la concrétisation, on constate que l'effort financier qu'ils sont près à faire est le centième de celui qu'il faudrait faire.

Les Etats-Unis eux-mêmes, ceux d'Obama qui était parti bannière au vent avec un programme de réductions des émissions spectaculaires à la Al Gore sont revenue a des objectifs plus réalistes, critiqués du coup par les ultras!

Tout cela dans un contexte scientifique beaucoup plus ouvert où la notion de réchauffement climatique devient plus problématique puisque certains modèles de référence du GIEC annoncent aujourd'hui un refroidissement lors des trente prochaine années. Ce qui permet a des journalistes aussi fanatiques qu'incompétents d'écrire sans rire. «Si ça se refroidit c'est bien la preuve que ça se réchauffe!»

Or, même si, comme je le crois, le rôle du CO2 sur le climat (aux teneurs actuelles) n'est pas prouvé celui dans l'acidification des océans est beaucoup plus inquiétant. Il est donc effectivement souhaitable de réduire les émissions de CO2.

Mais on ne l'obtiendra qu'avec une logique positive, innovante, qui stimule l'économie et le développement et non pas qui la freine.

Il faut développer les économies d'énergies, les énergies de substitution pour le chauffage, le nucléaire, les voitures électriques ou hybrides. La séquestration du CO2 sujet désormais de coopération Chine-Etats-Unis devient une priorité mondiale. Bref, la logique ce n'est pas d'empêcher le développement des pays émergents c'est d'offrir a tous le droit a un développement durable. La logique des interdictions, des taxes, de la régression, de l'anti-progrès, de la décroissance doit être combattu sans relâche car elle est nocive et inefficace et philosophiquement condamnable.

Claude Allègre

Image de Une: l'ouragan Isabel vu de la Station spatiale internationale Reuters

A propos de Copenhague, lire la contribution de la député d'Europe Ecologie Sandrine Bélier: «Ce sommet ne doit pas être le sommet de la honte»

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