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Le jour où la candidature Trump a implosé

Temps de lecture : 3 min

Des lâchages en série, d'autres révélations à venir... Récit de vingt-quatre heures où la présidentielle américaine s'est transformée en soap-opera.

MARY SCHWALM / AFP.
MARY SCHWALM / AFP.

«Il n'y a jamais eu un jour comme celui-ci dans l'histoire des élections présidentielles américaines, n'est-ce pas?» Il est difficile de ne pas souscrire à ce commentaire du journaliste de télévision Christopher Hayes après cette journée du 8 octobre 2016, le lendemain de la révélation par le Washington Post d'une vidéo où Donald Trump tenait, en 2005, des propos orduriers sur les femmes. Le lendemain du jour où, estime le Daily Beast, «Donald Trump a perdu la présidence».

Alors que ce dimanche sera marqué par le second débat entre les deux principaux candidats, que près de cinq points séparent désormais en moyenne dans les sondages nationaux, cette journée de samedi aura en effet été complètement folle, donnant plus que jamais à cette élection des allures de soap-opera. Petit florilège.

Le jour où Trump a affirmé qu'il ne renoncerait «JAMAIS». Le candidat a commencé par publier, en pleine nuit, une vidéo où il exprime (chose rarissime) des regrets, tout en soulignant que les propos qu'on lui reproche datent d'il y a plus d'une décennie et en attaquant Bill et Hillary Clinton sur leur comportement envers les femmes. Il a enchaîné sur un tweet mystérieux («Ces dernières vingt-quatre heures ont définitivement été intéressantes!») avant de se lâcher: «Les médias et l'establishment veulent tellement me voir abandonner –JE NE ME RETIRERAI JAMAIS, JE NE LAISSERAI JAMAIS TOMBER MES PARTISANS!».

Le jour où la propre femme du candidat l'a critiqué. Melania Trump a affirmé dans un communiqué que son époux avait utilisé des termes «inacceptables» et «offensants pour [elle]», tout en réaffirmant son soutien à sa candidature.

Le jour où un nombre impressionnant d'élus républicains se sont désolidarisés de Donald Trump. Avec des nuances allant de ceux qui ont annoncé qu'ils ne voteraient pas pour lui (comme Arnold Schwarzenegger ou l'ancien candidat à la présidentielle John McCain) à ceux qui lui ont purement et simplement demandé de retirer sa candidature (dont un membre de la direction du parti républicain, le sénateur du Dakota du Sud John Thune, et l'ancienne secrétaire d'État de George W. Bush Condoleeza Rice). En revanche, ni le candidat à la vice-présidence Mike Pence, ni le président de la Chambre des représentants Paul Ryan, ni le leader des Républicains au Sénat Mitch McConnell ne lui ont retiré leur soutien, même s'ils ont déploré ses propos.

Le jour où le parti républicain est entré en révolte. Selon les sites Politico et Business Insider, le parti a décrété une pause sur certaines opérations de campagne en faveur de Trump et certains de ses permanents sont au bord de la rébellion.

Le jour où il a peut-être perdu gros. Au-delà de la Maison Blanche, les propos de Trump pourraient avoir un impact sur les élections à la Chambre des représentants et au Sénat, où les Républicains détiennent pour l'instant la majorité et espèrent la conserver même en cas de victoire de Hillary Clinton, afin de freiner l'application de son programme. D'autant qu'un lâchage de Trump trop voyant pourrait aussi faire enrager les électeurs les plus conservateurs du parti...

Le jour où d'autres propos embarrassants de Trump ont fait surface. CNN a déterré une série de propos sexistes tenus par le candidat depuis une décennie, dont notamment une conversation avec l'animateur de radio Howard Stern où il fait part de son assentiment quand ce dernier décrit sa fille Ivanka Trump comme «un joli petit cul». Et ce n'est peut-être pas fini...

Le jour où la télévision américaine a pété les plombs. Pour s'en assurer, il suffit d'observer les visages de ces chroniqueurs de CNN lors d'un débat.

Le jour où les scénarios juridiques les plus improbables ont été imaginés. Les Républicains peuvent-ils encore remplacer Trump si ce dernier se retire avant le 8 novembre? Et s'il ne le fait pas et vient par miracle à remporter l'élection, les grands électeurs pourraient-ils faire élire un autre président? Voici, selon l'expression du juriste Rick Hasen, les potentiels Hail Mary du parti républicain –une expression qui désigne, au football américain, la passe désespérée que vous tentez à la dernière seconde en espérant qu'elle retombera sur un de vos joueurs pour le touchdown.

Et enfin, le jour où Tic Tac a attaqué Trump. Oui, Tic Tac, la marque de bonbons à la menthe. Il faut dire que, sur la vidéo révélée par le Washington Post, on voit Donald Trump en avaler un avant de lâcher une remarque sexiste. Décidément, le candidat républicain n'a pas de chance avec les bonbons.

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