Le journaliste Jesse Watters est spécialiste des micro-trottoirs humoristiques pour l'émission O'Reilly Factor de la chaîne conservatrice Fox News. Le lundi 3 octobre, il s'est aventuré dans le quartier chinois de New York pour demander aux résidents ce qu'ils pensaient de l'élection présidentielle américaine. Mais, au lieu de lancer un vrai débat sur le sujet, la majorité de la vidéo le montre enchaînant les clichés sur les Chinois.
Comme le résume le Washington Post, réussir à aligner «autant de stéréotypes et de blagues sur les Asiatiques en cinq minutes est un exploit télévisuel».
Sur Twitter, Jesse Watters avait annoncé son arrivée à Chinatown avec cette photo:
Watters World goes downtown to Chinatown tonight!!! pic.twitter.com/G904zmtKQv
— Jesse Watters (@jessebwatters) October 3, 2016
La vidéo annonce la couleur dès le début. Dans la première scène, le journaliste rencontre deux jeunes filles et il leur lance: «est-ce que je dois faire une courbette pour dire bonjour?». Elles sont amusées.
Il parle ensuite à quatre personnes pour savoir pour qui ils vont voter, dont certains qui parlent très mal anglais. L'apogée de son interview est atteinte lorsqu'il tente d'interviewer une vieille dame qui a probablement plus de 80 ans et ne parle visiblement pas anglais.
Il lui pose la question suivante: «Trump attaque beaucoup la Chine. Est-ce que ça vous affecte?» Elle reste silencieuse, l'air confus. Est-on censé rire de cette femme parce qu'elle ne comprend pas le journaliste de Fox?
Visiblement lassé de parler politique, Watters passe vite aux vrais sujets, comme:
«Tu sais faire du karaté?»
Ou encore:
«C'est l'année du dragon? du lapin?»
Humiliation et objectification
Il demande aussi à un vendeur de rue si les montres qu'il vend ont été volées, et à une passante de nommer des objets qui n'ont pas été faits en Chine.
Lorsqu'une jeune fille, qui parle bien anglais, explique qu'elle va voter Hillary Clinton, le reporter rétorque: «comme ça la Chine pourra continuer à nous arnaquer».
Plus tard, on voit Jesse Watters faire du karaté, jouer avec un nunchaku, demander des herbes spéciales pour la «performance» et se faire masser les pieds. Le tout se finit par un zoom sur un drapeau chinois et de la musique chinoise traditionnelle.
Sur le plateau, Watters n'a pas amélioré la situation en déclarant:
«Ce sont des gens tellement polis. Ils ne partent pas, ils ne me disent pas de m'en aller. Ils restent là sans rien dire.»
L'association des journalistes américains d'origine asiatique n'a pas du tout apprécié, et le président a demandé des excuses à Fox News:
«On est en 2016, a déclaré Paul Cheung, le président de l'association. On devrait pouvoir aller au-delà des vieux stéréotypes racistes et arrêter de viser des groupes ethniques en les humiliant et en les objectifiant. Malheureusement, Fox News vient de montrer que la chaîne avait encore beaucoup de travail à faire pour parler des communités de couleur de façon respectueuse et juste.»
