Il y a un peu plus de deux ans, un réseau social a fait une entrée soudaine dans la cour des grands: Ello. Mais si, souvenez-vous, Ello, c'était le Facebook killer, le réseau social sur lequel nous allions tous fuir pour remettre la main sur nos données et profiter d'un environnement plus sobre et où l'on ne tombe pas sur des publicités toutes les cinq minutes. Le concept a marché un instant, et puis tout le monde a repris ses habitudes, a remis les pieds sur Facebook et a oublié Ello. Enfin presque tout le monde.
Le site BackChannel revient sur l'histoire du réseau social dans un excellent portrait. Il évoque sa soudaine popularité née d'un backlash anti-Facebook qui obligeait ses utilisateurs à employer leur vrai nom, au grand dam (notamment) des victimes de violence domestique, de journalistes dans des pays où la liberté d'expression est réprimée, des activistes ou encore des individus transgenres. En quelques jours, Ello multiplie par cent son nombre d'utilisateurs, passant de 30.000 à trois millions. Les médias y voient un Facebook killer, chose que ses créateurs n'avaient imaginé. Mais malgré cela, «l'attraction gravitationnelle de ce récit était si grande que, dans ce moment-là, même les fondateurs de Ello ont été influencés».
Ello joue le jeu, lève de l'argent (beaucoup d'argent), alors que le site n'a pas encore lancé sa version Beta et que nombre des fonctionnalités essentielles n'existent pas encore. Sans compter que Facebook finira par faire marche arrière et que le réseau social a un avantage de poids sur son adversaire: tout le monde (ou presque) y est. Pour inverser la tendance, il faudrait des millions de dollars, et renoncer aux principes sur lesquels Ello s'était fait connaître.
Résultat le Facebook killer qui était «plus petit que le plus petit département de la plus petite équipe de Facebook» finit par voir de nombreuses personnes quitter le navire, et choisit de se recentrer sur son objectif initial: devenir le lieu qui compte pour les artistes, les artisans, les écrivains ou les designers. Pas forcément du goût de tous les investisseurs, mais visiblement ça ne marche pas trop mal. Wired s'est récemment intéressé au réseau social en publiant un joli portrait de quelques-uns des artistes présents sur le site.
Aujourd'hui, deux des responsables du réseau social, Mark Gelband et Todd Berger, racontent qu'ils «auraient aimé qu'il y ait un autre moyen de capitaliser sur leur quart d'heure de célébrité sans succomber à l'histoire qui y était associé. Mais c'est le problème avec une célébrité fugace: on ne choisit pas quand elle nous tombe dessus ou pourquoi. “C'était un projet d'art et ça a explosé et on s'en est un peu éloigné”, explique Berger. Mais désormais, Ello a retrouvé son chemin.»