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Rodrigo Duterte, le président dingo qui se compare lui-même à Adolf Hitler

Temps de lecture : 3 min

Le président philippin est loin d'en être à sa première sortie controversée.

Rodrigo Duterte, le 30 septembre 2016. MANMAN DEJETO / AFP
Rodrigo Duterte, le 30 septembre 2016. MANMAN DEJETO / AFP

Vous trouvez que Donald Trump est un peu faiblard? Que malgré tout ce qu'il peut dire, il ne va pas assez loin? Mesdames et messieurs, voici Rodrigo Duterte, président des Philippines, et auteur de quelques-unes des pires sorties de cette année 2016.

Après avoir traité il y a quelques semaines Barack Obama de «fils de pute» et provoqué l'annulation d'un voyage du chef d'État américain dans son pays, le Philippin fait de nouveau les gros titres de la presse internationale Cette fois-ci, il a déclaré qu'il serait «heureux de massacrer» des millions d'accros à la drogue et s'est comparé à Adolf Hitler. «Si l'Allemagne avait Hitler, les Philippines auraient...», a-t-il dit avant de se pointer du doigt.

«Hitler a massacré trois millions de Juifs [le chiffre est plus proche des six millions, ndlr]. Il y a trois millions d'accros à la drogue dans ce pays. Je serais heureux de les massacrer.»

Reuters et AP indiquent que Rodrigo Duterte a passé les trois premiers mois de sa présidence à lancer une campagne pour tuer ceux impliqués dans le trafic de drogue «dont des supposés accros, ce qui a causé l'indignation de groupes de droits de l'homme et de gouvernement étrangers».

«Plus de 3.500 dealers et accros ont été tués. Un tiers d'entre eux lors d'opérations de police, mais la majorité ont été tués par des milices armées. Duterte a publiquement encouragé les civils à tuer les accros et indiqué qu'il ne poursuivrait aucun policier pour des exécutions extrajudiciaires.»

Quelques mois plus tôt, lors de son dernier meeting présidentiel, il avait fait vœu de tuer 100.000 criminels et décidé de s'asseoir sur les droits de l'homme:

«Oubliez les lois sur les droits de l'Homme. Si je suis élu président, je ferais comme j'ai fait en tant que maire. Les revendeurs de drogue, les voleurs, et les bons à rien, vous feriez mieux de vous barrer. Parce que, je vais vous tuer. Je vous balancerai tous dans la baie de Manille, et j'y gaverai les poissons.»

Il qualifie l'ONU de «fils de pute»

Petite astuce: il avait annoncé qu'au moment de quitter le pouvoir, il se signerait une grâce présidentielle. Des centaines de milliers de dealeurs et consommateurs de drogue se sont déjà rendus d'eux-mêmes pour éviter de plus graves conséquences.

Et quand l'ONU a critiqué sa façon de faire, il a menacé de quitter l'organisation, en n'oubliant pas de les qualifier de «fils de putes».

Il avait promis de résoudre les problèmes criminels et de corruption du pays en moins de six mois, et indiqué qu'il faudrait le tuer, s'il ne réussissait pas.

Sur ce sujet, il avait d'ailleurs indiqué lors d'une conférence de presse «qu'il n'hésiterait pas à tuer ses fils et sa fille s'il apprenait qu'ils se droguaient».

Autant que dire que le président philippin n'est pas vraiment conventionnel. En se replongeant dans certaines de ses déclarations passées, on se demande même s'il n'y a parfois pas des erreurs de traduction tant ses propos semblent fous.

Lors de la campagne présidentielle, Rodrigo Duterte avait plaisanté sur le viol et le meurtre d'une religieuse australienne, en 1989 dans une prison de Davao, ville dont il était le maire:

«J'étais en colère qu'ils l'aient violée, mais elle était si belle. Je me suis dit: “Le maire aurait pu passer en premier.”»

Malgré cela, il avait creusé la course, comptant alors neuf points d'avance sur sa rivale la plus sérieuse. Il s'était ensuite excusé, avant de faire marche arrière.

Il va jusqu'à insulter le pape

Quelques mois plus tôt, en novembre 2015, il s'était déjà fait repérer en insultant le pape François de «fils de pute» pour avoir provoqué des embouteillages dans la ville de Manille, lors d'une visite.

«Il nous a fallu cinq heures pour aller de l'hôtel à l'aéroport. J'ai demandé qui on attendait. Ils ont dit que c'était le pape, je voulais l'appeler. Le pape, fils de pute, rentre chez toi! Ne viens plus en visite!»

En mai dernier, son porte-parole indiquait qu'il souhaitait se rendre au Vatican et demander son pardon au souverain pontife.

Quelques mois avant d'avoir été élu président, Rodrigo Duterte avait trouvé une solution pour régler le conflit territorial en mer de Chine qui oppose Philippins et Chinois. Le candidat pensait prendre un jet ski avec le drapeau philippin, se rendre sur l'aéroport construit par la Chine et y planter le drapeau avant de dire.

«C'est à nous. Faites ce que vous voulez avec moi.»

Il est depuis revenu en arrière.

On vous conseille par ailleurs cette superbe compilation de John Oliver, dans son émission «Last Week Tonight», diffusée quelques heures avant l'élection de Duterte à la présidence philippine.


Quand le candidat est interrogé sur le nombre de personnes qu'il a tué, il répond «à peu près trois». Ce qui fait dire à John Oliver:

«À peu près trois? C'est pas une bonne réponse. Ne pas savoir combien de personnes on a tué, c'est comme ne pas savoir combien de pilules de Vicodin on a pris. Si on ne connaît pas le chiffre exact, alors la réponse est “beaucoup trop putain”.»

Reste que le président philippin estime qu'il y a un monde entre Donald Trump et lui, et qu'il n'aime vraiment pas être surnommé le «Trump oriental». Pas du tout, et il a tenu à faire savoir que contrairement au candidat républicain, «ce fils de pute», il n'était pas «intolérant».

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