Une équipe de chercheurs des universités de Caldwell et de Pittsburgh vient d'établir un lien solide entre le sommeil des enfants à 11 ans et le risque d'abuser de l'alcool et du cannabis à l'entrée dans l'âge adulte. La durée et la qualité du sommeil à l'adolescence apparaissent comme un facteur prédictif de premier plan pour l'ancrage de ces conduites à risque.
L'association entre le sommeil des pré-adolescents et leurs tendances à l'alcoolisme et à la toxicomanie était d'ores et déjà bien connue, mais cette étude, en passe d'être publiée dans la revue Drug and Alcohol Dependence, est l'une des rares à se pencher sur la corrélation longitudinale entre ces phénomènes – quels effets, au cours du temps et sur une même personne, peut avoir un mauvais sommeil.
«Traiter les problèmes liés à l'alcool et aux drogues une fois qu'ils sont apparus peut se révéler extrêmement complexe et nous sommes toujours à la recherche de facteurs de risque modifiables», explique Brant P. Hasler, auteur principal de cette étude co-financée par les NIH.
«Faire tout ce qui est en notre pouvoir pour s'assurer d'une durée et d'une qualité de sommeil suffisantes à la fin de l'enfance peut se révéler très bénéfique en matière de réduction des abus de substances plus tard dans la vie.»
Le sommeil influence le futur
Des données d'une étude longitudinale menée sur 300 familles américaines évoluant dans un milieu défavorisé, les chercheurs ont extrait celles de 186 hommes. Au départ de l'étude source, ils avaient 11 ans, Hasler et ses collègues les ont récupérés entre 20 et 22 ans pour les interroger sur leur consommation d'alcool et de cannabis.
Il en ressort qu'après la correction statistique d'usage pour éliminer d'éventuels facteurs de confusion –difficultés socio-économiques, niveau d'insécurité du lieu de vie, tendance à intérioriser ou à extérioriser ses problèmes, etc.– les chercheurs observent que plus les individus ont peu et mal dormi au début de leur adolescence, plus ils ont tendance à abuser de l'alcool et du cannabis passée la vingtaine.
Et plus ils se situaient, au démarrage de leur adolescence, vers le bas du tableau de la durée et de la qualité du sommeil, plus le démarrage de ces excès allait être précoce: en moyenne, à chaque heure de sommeil perdue à 11 ans, c'est l'heure de la première défonce ou de la première cuite qui avance de 20%.