Les bienfaits du végétarisme ne sont (presque) plus à démontrer. Tout porte à croire que, plus il y aura de végétariens, plus l’humanité bénéficiera des avantages à ne plus manger de viande. «Mais si chacun d’entre nous devenait végétarien, il y aurait de graves inconvénients pour des millions, voire des milliards, de gens», apprend t-on sur le site de la BBC.
L’élevage de bétail représente pourtant 14,5% des émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines, selon un rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, publié en 2013.
Des bienfaits relatifs
Des chercheurs de l’université d’Oxford ont établi que si tout le monde devenait végétarien d’ici 2050, les émissions de gaz à effet de serre en rapport avec l’alimentation diminueraient de 60%. Si l’ensemble de l’humanité devient vegan, nous verrions ce chiffre décliner de 70%. «Ce n’est pas un scénario très réaliste, mais ça montre l’importance du rôle que jouera notre alimentation dans notre futur», commente Marco Springmann, un des auteurs de l’étude.
Toutefois, se passer de viande demande beaucoup d’investissement et d’organisation.
«Dans les pays développés, le végétarisme apporterait toutes sortes de bienfaits sur la santé et l’environnement. Mais les effets seraient négatifs en matière de pauvreté pour les pays en voie de développement», nuance Andrew Jarvis, directeur du Centre international d’agriculture tropicale —où les chercheurs ont tenté de savoir quels seraient les effets d’un végétarisme mondial.
On pourrait envisager d’aider les anciens éleveurs à construire de nouvelles carrières, toujours dans l’agriculture, en contribuant à la reforestation ou à la production de bioénergie. Certains pourraient même garder leur bétail. Peter Alexander, chercheur à l’université d’Edimbourg, imagine: «Si tous les moutons partaient d’Écosse, le paysage serait différent et il pourrait y avoir un impact négatif sur la biodiversité.»
Une histoire de modération
Mais même avec ces changements de cap professionnels, beaucoup d’agriculteurs se retrouveraient quand même en situation de chômage.
Plus grave encore: «La vie deviendrait impossible dans certains environnements sans bétail», explique Ben Phalan, chercheur à l’université de Cambridge. «Notamment pour les groupes nomades, qui, privés de leur bétail, auraient à s’installer définitivement dans des villes ou des villages et perdraient leur identité culturelle», précise la BBC. Sans compter qu’en France, nous sommes bien placés pour savoir à quel point la viande peut aussi faire partie intégrante d’une culture régionale.
Enfin et surtout, les apports nutritionnels de la viande manqueraient beaucoup aux deux milliards de personnes déjà sous-alimentées.
En bref, nul besoin d’un changement radical et global quand le tout est une simple histoire de modération. Selon une étude citée par la BBC, si le Royaume-Uni se conformait aux recommandations de la Organisation mondiale de la santé quant à la consommation de viande, les émissions de gaz à effet de serre baisseraient déjà de 17%. Elles chuteraient de 40% si les citoyens évitaient les produits issus de la production animale et les aliments transformés.