C'est une mission scientifique qui a viré au cauchemar absolu. Depuis le mois d'août, les scientifiques russes installés sur une station climatique sur la minuscule île de Troynoy ont été progressivement encerclés par une horde d'ours polaires, rapporte The Guardian.
Ce groupe de chercheurs (dont deux couples) vit reclus à l'extrême nord de la Sibérie, sur la plus grande des îles (27 kilomètres de long) de l'archipel d'Izvestiy Tsik, au large de la mer Kara. Les ours polaires se sont progressivement rapprochés de la station, une femelle ayant pris l'habitude de dormir sous les fenêtres de l'habitacle des scientifiques.
Le 31 août, un des deux chiens de la résidence a été tué par un ours tandis que les scientifiques se trouvaient à court de fusées pour effrayer ces redoutables prédateurs qui mesurent en moyenne 1m30 au garrot et peuvent courir à plus de 40 kilomètre/heure.
Dans ces conditions, les habitants de la station n'ont plus osé sortir et ont dû abandonner leurs postes d'observations métérologiques. À la mi-septembre, c'est une dizaine d'ours adultes, dont quatre femelles avec des oursons qui rodaient dangereusement autour de la station.
Un cauchemar dû au réchauffement climatique
Terrifiés, les chercheurs ont demandé des renforts à Vassiliy Shevchenko, qui supervise le réseaux de stations météorologiques. On leur a d'abord répondu qu'il fallait attendre un mois avant de pouvoir accueillir une mission de sauvetage. Mais, face à l'urgence de la situation, un bateau leur a fourni des fusées éclairantes et trois jeunes chiens.
Les ours polaires, espèce en voie de disparition et protégée par la législation russe, se sont alors éloignés des humains.
Selon la porte-parole de la station météorologique Sevgidromet, Yelena Novikova un tel regroupement d'ours polaires est «inhabituel» et directement lié au changement climatique:
Les ours ont l'habitude de se rendre sur d'autres îles. Mais cette année, cela leur a été impossible. La neige a fondu rapidement et les ours n'ont pas eu le temps de nager jusqu'aux autres îles. Comme il n'y a pas de nourriture sur l'île de Troynoy, ils sont allés jusqu'à la station.»
Les ours polaires devraient quitter l'île à la fin du mois d'octobre, lorsque les eaux près des rivages sont gelées et agrandissent ainsi leurs territoires.