En 1838, l'université de Georgetown à Washington a vendu 272 esclaves afin de rembourser des dettes; une vente qui a permis à l'institution de gagner l'équivalent de 3,3 millions de dollars actuels. Plus de deux siècles plus tard, le président de cette prestigieuse université jésuite a annoncé que les descendants de ces esclaves bénéficieraient de certains avantages en matière d'admission.
Dans les facs américaines, les enfants et petits-enfants d'anciens élèves sont considérés comme prioritaires, même s'ils ne sont pas automatiquement acceptés par l'institution. C'est ce même statut préférentiel dont bénéficieront les descendants d'esclaves, ceux qui ont été vendus en 1838, mais aussi tous les autres dont le labeur a été utilisé par Georgetown.
Cette année en Louisiane et dans l'État de Washington, le président de l'université, John DeGioia, a déjà rencontré près de cinquante descendants d'esclaves liés à Georgetown. C'est la première fois qu'une université américaine va aussi loin dans ses efforts de réparations vis-à-vis de l'esclavage, rapporte le New York Times.
D'autres mesures ont également été annoncées: un bâtiment sera renommé Isaac Hall, du nom d'un des esclaves vendus en 1838, un institut d'étude de l'esclavage sera inauguré et un monument à la mémoire des esclaves sera érigé sur le campus. Un des projets est de mener des recherches généalogiques et d'histoire orale pour retrouver les descendants d'esclaves et raconter leurs histoires.
Bataille de noms
Ces initiatives sont le résultat du travail effectué par un comité spécial mis en place il y a un an pour examiner les liens entre l'université et l'esclavage. Ce comité a publié un rapport qui révèle que les bâtiments les plus anciens de Georgetown ont probablement été construits par des esclaves.
Au XVIIIe siècle, les Jésuites, qui ont fondé Georgetown en 1789, possédaient des plantations esclavagistes dans le Maryland, et de nombreux esclaves étaient également utilisés sur le campus.
Des débats similaires ont eu lieu dans plusieurs autres campus américains. À l'université de Yale, par exemple, le président résiste pour l'instant aux demandes de renommer le Calhoun College, qui porte le nom de John C. Calhoun, un homme politique du XIXe siècle qui était raciste et pro-esclavage.