Le mardi 30 août, Daech a annoncé que Abou Mohamed Al-Adnani, porte-parole du groupe, a été tué en Syrie, probablement lors d’un raid aérien mené par les Américains. Al-Adnani supervisait à ce moment-là «les opérations destinées à repousser les campagnes militaires contre Alep», si l’on en croit le communiqué de Daech repris par Le Monde.
Le nom du djihadiste a un écho particulier avec la France puisqu’il avait lancé en 2014 un appel pour tuer des «infidèles» des pays de la coalition.
«Si vous ne pouvez pas trouver d’engins explosifs ou de munitions, isolez l’Américain infidèle, le Français infidèle ou n’importe lequel de ses alliés, avait-il déclaré dans un message à l’époque. […] Écrasez-lui la tête à coups de pierre, tuez-le avec un couteau, renversez-le avec votre voiture, jetez-le dans le vide, étouffez-le ou empoisonnez-le.»
Le Monde rappelle également que le nom d'Al-Adnani a été cité par Larossi Abballa, cet homme qui a assassiné un couple de policiers français le 13 juin dernier dans les Yvelines, et que l’usage d’un camion lors des attentats de Nice faisait écho à ce fameux appel qu’il avait lancé il y a deux ans.
Mais sa mort prend sens bien au-delà du territoire français, il s’agit-là de la fin des agissements d’une figure essentielle pour le mouvement. Comme le note le site spécialisé The Long War Journal, Al-Adnani a participé à la création de «la mythologie de Daech». Pour le Pentagone, il représentait le «principal architecte des opérations externes» de l'État islamique. Il «coordonnait les mouvements» des soldats, «encourageait directement les attaques de loups solitaires sur les civiles et les militaires» et «recrutait activement» de nouveaux membres. Il représentait également un pilier dans la rivalité entre Daech et al-Qaïda.
«Derrière al-Baghdadi [chef de Daech, ndlr], c’est la seconde figure la plus importante, a déclaré un officiel américain au journal The New Yorker avant que sa mort ne soit officialisée. Il est essentiel dans l’organisation militaire et la communication. C’est la voix de Daech, et il a été l’un des partisans de toutes ces attaques en Irak, en Syrie et dans le monde. Il a été crucial dans leurs efforts. Si c’est vrai, alors c’est un vrai revers pour eux.»
Pour autant, sa mort n’aura pas le même impact sur Daech que la mort de Ben Laden l’avait eu sur al-Qaïda, précise le New Yorker en citant une autre partie du communiqué du groupe: «Le sang des cheiks ne fera que renforcer notre détermination sur le chemin du djihad et dans notre volonté de nous venger et d’attaquer.»