Prenez un chaton et séparez-le de sa mère et de ses frères et sœurs. Il va crier parce qu'il est stressé. Prenez ce même chaton et séparez-le de sa mère et de ses frères et sœurs, mais cette fois-ci en le soulevant en l'air avant de le mettre sur le dos. Il va crier, plus fort, parce qu'il est encore plus stressé. Un signal vocal que les chattes savent analyser: elles rappliquent plus vite auprès des petits les plus en détresse, même s'il ne s'agit pas de leur chaton et même si elles n'en n'ont jamais eu de leur vie. Les chats, eux, dans tous les cas, s'en tamponnent comme de leur première croquette.
Menée par une équipe de chercheurs de la faculté de médecine et de l'école vétérinaire de Hanovre, en Allemagne, l'étude montre que les chattes réagissent en moyenne 10% plus vite aux cris des chatons lorsque ceux-ci sont les plus stressés, ce qui laisse entendre que les chattes sont capables d'évaluer le contenu émotionnel des cris et savent ajuster, en fonction, leur motivation à y répondre.
Wiebke Konerding, auteure principale de l'étude, précise avoir été surprise par ses observations et notamment par le fait que chats et chattes réagissent en moyenne de la même manière aux cris des chatons les moins stressés. La vraie différence intervient lorsque les cris traduisent un stress élevé, un ajustement comportemental aux cris des chatons identique que les femelles aient eu ou non des petits auparavant.
«Nous avons aussi été surpris de constater qu'une première expérience maternelle n'était pas nécessaire pour que les femelles réagissent différemment» aux cris des chatons peu ou très stressés. Pour les chercheurs, cette différence entre chats et chattes adultes semble donc relever d'une disposition innée.
Pourquoi? Les hypothèses explicatives manquent encore de recherches scientifiques pour être validées. Dans l'état actuel des connaissances, la principale est la suivante: vu que les mâles ne s'investissent pas dans l'éducation de leur progéniture, il est bien possible que les mâles et les femelles ne traitent pas de la même manière les signaux auditifs envoyés par les chatons et que le système auditif des femelles ait évolué d'une manière à être adapté aux propriétés spécifiques de ces cris, notamment à leur modulation suivant le degré de stress.