«Tant que j'ai pas touché le pognon, vous verrez pas la marque. Je garde le marqueur sur mes pompes.»
Les plus cinéphiles d'entre vous auront probablement reconnu Stomy Bugsy alias Mickaël Sylvain dans le film (oublié et oubliable), 3 Zéros. Mais, pour ceux qui ne l'auraient jamais vu ou qui l'ont oublié, ne vous inquiétez pas. Cette scène qui devait dépeindre les coulisses du foot business risque bien de se répéter lors des Jeux olympiques de Rio, qui se sont ouverts dans la nuit du 5 au 6 août.
Le New York Times a consacré un long article à ces athlètes qui ont décidé de cacher le logo de leur marque de chaussures (souvent la seule partie personnelle de l'équipement en athlétisme). Et il y a plusieurs explications à ce phénomène.
Pour certains athlètes en transition entre deux contrats, il est plus agréable de continuer à courir avec ses vieilles chaussures le temps de laisser les nouvelles se parfaire.
Pour d'autres, comme Jeremy Taiwo, un décathlonien américain, le sponsor ne fabrique pas toutes les chaussures nécessaires à leurs épreuves. Jeremy Taiwo va donc porter des chaussures d'autres marques sur les sauts et lancers, tout en prenant bien soin de cacher les logos pour ne pas froisser son sponsor.
Il faut dire que les marques attendent avec impatience cet évènement. Quartz indique qu'aux États-Unis, les JO ont été le programme le plus regardé de l'histoire de la télévision. Et le diffuseur de la compétition, NBC «prévoit que ces Jeux pourraient faire encore mieux».
«Chaque fois que la pub d'une marque ou un de ses produits apparaît à l'écran —idéalement sur une athlète— c'est une chance d'être mis en relation avec une audience mondiale. Cela fait des JO un lieu de compétition entre les différentes entreprises. [...] "Il n'y a pas de plus grande scène ou de moment plus important que les Jeux", explique Greg Hoffman, le responsable du marketing chez Nike.»
Alors forcément dans une industrie à 75 milliards de dollars, selon le quotidien new-yorkais, cela rend certains athlètes un peu amers. D'autant que contrairement aux footballeurs ou basketteurs, ils n'ont généralement pas de salaire fixe grâce à leur sport:
«Au lieu de cela, ils comptent généralement sur les prix et contrats avec des marques de chaussures et d'autres publicités.»
L'Américain Johnny Dutch, qui détient le meilleur temps sur 400 m haies pour son pays cette année, mais qui ne sera pas aux JO, raconte ainsi ne plus avoir de sponsor, depuis la fin de son contrat avec Nike, il y a trois ans. Lors des qualifications olympiques, il avait recouvert le logo de ses chaussures pour exprimer son côté artistique, mais pour aussi pour montrer que si une marque veut qu'ils portent leurs chaussures, ils doivent l'aider. Donnant-donnant.
«Ils doivent me donner un endroit où je peux vivre et payer mes dépenses médicales.»
Après sa cinquième place lors des qualifications (seules les trois premières étaient synonymes de billet pour Rio), il avait expliqué qu'il pensait à prendre sa retraite:
«Je ne peux plus continuer. Je galère financièrement. Je n'ai pas de contrat. Je n'ai pas de travail.»