Si vous avez faim, et qu’on vous montre une image d’un superbe plat de pâtes, votre cerveau envoie des signaux. Si on vous montre une image d’épinards bouillis et que vous détestez ça, votre cerveau réagit tout autant. Imaginez un monde, pas forcément si lointain, où quelqu’un pourra hacker ces données. Ne commençons pas tout de suite à nous inquiéter, cela est encore loin.
Aujourd’hui, les ingénieurs ont créé des interfaces cerveaux-machines (ICM) qui mesurent l’activité cérébrale et peuvent avoir de multiples utilisations. À long terme, les chercheurs veulent d’ailleurs utiliser cette technologie à des fins cliniques notamment pour permettre à des tétraplégiques de retrouver de l’autonomie. Pour autant, des chercheurs américains tirent la sonnette d’alarme: non réglementées, les ICM pourraient avoir une utilisation malveillante, raconte un reportage de Motherboad.
Pour Howard Chizeck, chercheur à l’université de Washington, il faut impérativement commencer à se pencher sur les questions de protection des données de notre cerveau. «Il n’y a vraiment plus beaucoup de temps, si on ne le fait pas maintenant, ce sera trop tard», explique-t-il à la journaliste. Mais que craignent-ils vraiment? Qu’un jour, l’utilisation des ICM se démocratisent dans la vie de tous les jours, notamment des applications de jeux, et soient détournées.
Récupération
En nous envoyant des images subliminales et en analysant les signaux de notre cerveau, des hackers pourraient récupérer les informations qui en découlent. Ou des publicitaires, sur le mode, «je te montre une image de burger-ton cerveau réagit bien-je t’envoie une pub de restaurant». D'après Chizek, cela pourrait même être utilisé par le gouvernement:
«La justice ou le gouvernement pourraient l’utiliser à de mauvaises fins –comme vérifier votre appartenance à l’opposition ou regarder si vous avez des activités illégales. Cet outil est comme un détecteur de mensonges mais, pour les pensées.»
Pour le moment, les connaissances scientifiques sur le cerveau ne sont pas complètes et on ne peut associer totalement stimuli du cerveau et pensée. Mais, Chizek et sa consoeur Tamara Bonaci préfèrent prévenir que guérir, car les recherches et la technologie sont de plus en plus pointues. En 2014, les deux chercheurs avaient déjà écrit un papier intitulé «Vie privée et sécurité dans les interfaces cerveaux-machines». Les deux scientifiques sont assez alarmistes sur le sujet:
«[Nos craintes] sont techniquement possible, dès que l’on met des électrodes sur la tête de quelqu’un, c’est possible.»