D’après les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies qui forment aux Etats-Unis l’agence gouvernementale de protection de la santé publique, plus 80% des Américains ne mangent pas les quantités recommandées de fruits et de légumes. 58% de leur alimentation quotidienne est «ultra-transformée», et la consommation de céréales raffinées et de sucre reste élevée. En outre, le taux d’obésité des adultes demeure très haut: 38% sur la période 2013-2014.
Malgré tout, selon un sondage commandé par NPR et mené par Truven Health Analytics, réalisé sur un échantillon représentatif de 3.000 adultes américains, beaucoup de gens ont «des œillères». Une seule question demandait aux personnes interrogées d’évaluer le caractère «sain» de leurs habitudes alimentaires. 75% des sondés ont jugé que leur régime était «bon», «très bon» ou «excellent» pour la santé.
NPR s’interroge donc: est-ce qu’il y a un problème de définition de l'alimentation «saine»? Un décalage entre les déclarations et les régimes réels? Ou un souci de quantités (choisir des aliments a priori plutôt bons pour la santé, mais en abuser…)?
David Just, économiste comportemental qui étudie la psychologie de l’alimentation à l’Université de Cornell, estime qu’ «une partie du problème est que les individus attachent plus d’importance à ajouter des bonnes choses dans leur régime alimentaire qu’à limiter l’apport global. […] Il est difficile de contrôler la consommation globale. Il est facile de se rappeler d'ajouter un fruit ou un légume dans l'assiette».
Décalage de perception
Marion Nestle, professeur de nutrition à l’université de New York, juge que la taille des portions est primordiale, voire même une «cause majeure de l’obésité». 92% des restaurants américains servent des portions excessives, d’après une étude publiée début 2016… Selon elle, «la plupart des gens essayent de faire de leur mieux, en fonction de leurs situations» mais de nombreux facteurs façonnent les habitudes alimentaires. «Il y a un problème d'éducation, mais aussi de marketing alimentaire continu», précise la spécialiste de la nutrition. Car il créé un décalage entre ce que les experts en nutrition et ce que le grand public jugent «bon pour la santé».
Une intéressante étude du New York Times, publiée début juillet, tentait d’évaluer ce large écart de perceptions. Par exemple, 71% des consommateurs estiment que les barres «granola» sont saines, tandis que seulement 28% des nutritionnistes pensent la même chose. Parmi les autres aliments engendrant une vision saine par les mangeurs (mais pas par les spécialistes), il y avait le «frozen yogurt», l’huile de coco ou encore le jus d’orange.