«Ok, chéri, il fait chaud, mais tu ne peux pas mettre ça.» «Attends, c’est super confortable.» Voilà résumé en deux phrases un des classiques du clash conjugal de l'été: le cargo short. À l’instar des tongs, les uns adorent ce vêtement aux larges poches arboré par pas mal d’hommes dès qu’il fait beau temps et les autres le détestent.
Devenu objet de tous les désirs dans les années 1990, popularisé par les enseignes pour ados type Abercrombie & Fitch, le cargo short nous arrive tout droit des surplus de l’armée à en croire les experts: dans les années 1940, il semblerait que les militaires américains et britanniques le trouvaient très pratique à cause, justement, de ses poches. Dans les années 1990, les ados l’adoraient parce que c’était cool et ça permettait d’y glisser son premier téléphone portable.
Le problème, c’est que maintenant, lesdits ados des années 1990 «sont mariés et ne sont toujours pas lassés de ces vêtements», explique au Wall Street Journal Joseph Hancock, professeur et auteur d’une thèse sur le cargo short. D’autant plus, que le short large est devenu carrément has-been une fois remplacé par les bermudas et shorts moule-fesses des années 2010.
Pyjama de jour
Justement, c’est leur côté un peu old school qui plaît à ces messieurs. Pour les experts du style, la nostalgie explique qu’ils ont dû mal à les laisser au placard. Au Wall Street Journal, l’un confie à quel point c’est «difficile de laisser de côté quelque chose qui était cool dans ma jeunesse». Et puis c’est surtout super pratique pour emporter portefeuille et lunettes de soleil, un peu comme le sac à main des femmes, et que pas mal de nos chers et tendres bonhommes se fichent du fait que c’est démodé.
Pour d’autres, c’est aussi un peu «comme être en pyjama». Et sur ce coup-là, c’est vrai qu’en tant que fille, on est quand même beaucoup plus gâtée: en été, on peut se mettre en robe pour s’aérer et c’est globalement accepté par la société. Et si finalement les filles apprenaient à regarder cette drôle de frusque d'un nouvel œil?
Pour l'heure, le combat ne semble pas gagné. Toutes les femmes interviewées par le Wall Street Journal –et même ici, faites un sondage chez vos copines– ont dénigré ce pauvre cargo, jugé un peu plouc et enfantin. Certaines vont jusqu’à s’en débarrasser en cachette de leur mari, d’autres à demander à leur conjoint de le ramener en boutique, parce qu’elles avaient honte de se promener avec lui, habillé ainsi: «Ça se reflétait sur moi, un peu comme si les gens disaient “comment a-t-elle pu le laisser sortir comme ça?”», avance l’une d’elle.
Si les ventes de cargo short semblent sur le déclin, selon le cabinet de recherche de marché NPD Group, le marché rapporte toujours 700 millions de dollars chaque année aux États-Unis et on peut même en trouver des versions luxe à 900 euros. Il ne faut d’ailleurs pas oublier que la mode reste la mode: tout, absolument tout, redevient un jour cool et stylé, il faut juste s'armer de patience –il n’y a pas si longtemps, même le sac banane a fait son retour, c’est dire. Bref, pour Joseph Hancock, «le cargo n’est pas prêt de disparaître».