France

Avec l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, l’unité politique se fissure encore un peu plus

Temps de lecture : 3 min

François Fillon et Nicolas Sarkozy notamment ont ouvert le feu contre le gouvernement.

François Hollande suivi de Bernard Cazeneuve et du patron du Raid Jean-Michel Fauvergue le 26 juillet 2016 à Saint-Étienne-du-Rouvray | Boris MASLARD/POOL/AFP
François Hollande suivi de Bernard Cazeneuve et du patron du Raid Jean-Michel Fauvergue le 26 juillet 2016 à Saint-Étienne-du-Rouvray | Boris MASLARD/POOL/AFP

L’union sacrée des hommes et femmes politiques autour du gouvernement, qu’avait connue le pays après les attentats de janvier et novembre 2015, se fissure encore un peu plus. L’unité était déjà en partie morte avec l’attentat de Nice. Après la prise d’otages et le meurtre d’un prêtre à Saint-Étienne-du-Rouvray, elle est maintenant sans doute définitivement enterrée, alors que la droite se déchire entre réactions modérées de tristesse et attaques virulentes contre le gouvernement.

Les hostilités ont été lancées par François Fillon, candidat à la primaire du parti Les Républicains pour la présidentielle. «L’assassinat du prêtre à Saint-Étienne-du-Rouvray est un acte abominable, lâche et révoltant. Nous indigner ne suffit plus», a tweeté le député de Paris, insinuant ainsi que le gouvernement ne ferait que «s’indigner» face au terrorisme. La présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, qui compte parmi ses soutiens, lui a aussitôt emboîté le pas: «Nous devons exiger une réaction puissante du gouvernement.» En début d’après-midi, le président du parti, Nicolas Sarkozy, a donné le mot d’ordre à ses troupes, et le ton de la réplique, qui sera sans pitié contre le gouvernement. «Les arguties juridiques, les précautions, les prétextes à une action incomplète ne sont pas admissibles», a-t-il déclaré.

Réaction moins d’une heure et demie après les alertes

Sans surprise, le Front national a immédiatement cherché à récupérer le tragique événement, Marine Le Pen indiquant que «le modus operandi» de l’attaque faisait «évidemment craindre un nouvel attentat de terroristes islamistes», et ce, avant que ne soient confirmés les liens des auteurs de ce meurtre avec Daech, comme l’a déclaré François Hollande plus tard. Idem pour sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen: «Ils tuent nos enfants, assassinent nos policiers et égorgent nos prêtres. Réveillez-vous!» «Les atrocités continuent, désormais à un rythme effréné, sans réaction à la hauteur de nos dirigeants.. Jusqu’à quand?» a embrayé Steeve Briois, vice-président du Front national.

Une partie de la droite ne prend même plus la peine d’exprimer un mot de condoléances avant de polémiquer. Pitoyable

Un responsable presse de la Ville de Paris

«Une partie de la droite ne prend même plus la peine d’exprimer un mot de condoléances avant de polémiquer. Pitoyable», a commenté un responsable presse de la Ville de Paris.

Ces réactions font penser à celles qui ont suivi l’attentat de Nice. La droite n’avait alors accordé aucune trêve au gouvernement. Le lendemain matin, Nicolas Sarkozy avait immédiatement jugé «indispensable de prolonger l’état d’urgence» et le candidat à la primaire de la droite et du centre Alain Juppé avait affirmé que, «si tous les moyens avaient été pris, le drame n’aurait pas eu lieu».

Cette fois, les premiers francs-tireurs n’ont pas attendu aussi longtemps, la réaction de François Fillon se produisant moins d’une heure et demie après la fin de la prise d’otages et les premières alertes des médias.

«Le piège de Daech»

À gauche, c’était au contraire l’unité qui dominait. «Assassinat dans un lieu de culte, un nouveau cap dans la barbarie est franchi. Unité. Dignité», a tweeté le secrétaire du parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis. «L’attachement à la liberté de conscience doit rester notre repère. Et la fraternité humaine», a déclaré sur son compte Facebook le candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon. «Assassiner un prêtre, homme de paix, est un crime contre l’humanité entière, croyante ou non», a réagi Alexis Corbière, son porte-parole.

D’autres élus ou responsables à droite ont eu une réponse plus apaisante, dans les heures qui ont suivi l’attaque. «Si l’attaque s’avère être terroriste, il ne faudra pas tomber dans le piège de Daech, qui cherche une guerre civile», a jugé le député du Rhône Georges Fenech, et président de la commission d’enquête sur les attentats 2015. Guerre civile, sans doute pas mais, une guerre de parti contre parti, nous en prenons très certainement le chemin.

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