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Trop riche en Corée du Nord, il a été obligé de simuler sa mort

Temps de lecture : 2 min

Après avoir amassé trop d’argent sur le marché noir, un Nord-Coréen a dû faire semblant de mourir pour éviter d’être assassiné.

Billets de banque nord-coréens, montrés à Séoul, le 8 décembre 2009 | JUNG YEON-JE/AFP
Billets de banque nord-coréens, montrés à Séoul, le 8 décembre 2009 | JUNG YEON-JE/AFP

Depuis 2003, la famille de Dzhon Khen-mu, qui a dû fuir la Corée du Nord pour sauver sa vie, pense qu’il est décédé dans un accident de voiture. Dzhon, qui est désormais réfugié en Corée du Sud, avait diffusé un faux certificat de décès avant de passer la frontière.

Le problème de Dzhon, qui a 60 ans et vit à Séoul, c’est qu’il était devenu trop riche. Il a expliqué à Radio Free Europe que, pour un Nord-Coréen, le fait d’amasser des devises étrangères était l’équivalent d’une condamnation à mort.

Son travail en tant que manager d’un hôtel à Pyongyang, la capitale, lui avait permis de rencontrer des étrangers. Son business lucratif a commencé lorsqu’il a donné une boîte de gingseng à un Japonais, qui l’a remercié avec un pourboire de 300 dollars (270 euros). Dans un pays où le salaire moyen annuel est d’environ 1.000 dollars, cette somme lui a permis de commencer à importer toutes sortes de produits –vêtements, vélos, nourriture– et de les revendre sur le marché noir.

Commerce interdit

Dans l’État collectiviste de Corée du Nord, toute activité commerciale est interdite et même les chaussettes et sous-vêtements sont distribués une fois par trimestre par les autorités. Les imports de Dzhon permettaient à ses clients d’avoir un peu plus que les rations minimum et, rapidement, il a commencé à amasser de l’argent: jusqu’à 100.000 dollars.

«De grosses sommes de devises étrangères aux mains de personnes privées constituent une menace pour les autorités, particulièrement lorsque l’argent n’est pas partagé comme le voudrait l’État», explique Dzhon.

Lorsque certains de ses collègues ont commencé à disparaître, Dzhon savait que sa vie était en grand danger et il est parti un jour de 2003 sans jamais revenir. Il explique que simuler sa mort était la seule solution pour protéger sa femme et ses deux enfants: «S’ils avaient su que j’étais vivant et si j’avais fui sans me dénoncer aux autorités, ils auraient été sévèrement punis.»

Dzhon, qui a changé de nom et a refusé de se faire prendre en photo pour l’article, travaille maintenant pour une radio sud-coréenne qui diffuse des messages aux Nord-Coréens afin de contrer la propagande du gouvernement. Treize ans après sa fausse mort, il ne s’est pas remarié et pense qu’il est toujours dangereux pour lui de contacter sa famille:

«Si le parti découvre que je suis vivant et que je vis en Corée du Sud, ma famille sera en danger. Tant que je suis “mort”, ils sont vivants. C’est ce que je me dis chaque jour.»

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