Des centaines de manifestants sont descendus dans la rue à Bâton-Rouge, en Louisiane, pour protester contre la mort d’Alton Sterling, un Afro-Américain de 37 ans qui a été abattu par la police à bout portant le 5 juillet. Une vidéo de l’incident montre Sterling allongé par terre et immobilisé par la police, alors qu’un agent lui tire dessus à plusieurs reprises.
Un communiqué du commissariat explique que les policiers répondaient à un appel selon lequel Sterling menaçait quelqu’un avec un pistolet dans la rue. Les circonstances de l’incident ne sont pas encore tout à fait claires, et le ministère de la Justice américain a annoncé qu’une enquête serait ouverte au niveau fédéral, afin d’éviter que la situation ne soit prise en charge par la police locale.
Plus d’un mois avant cet incident, la Louisiane était devenu le premier État américain à faire passer une loi selon laquelle les policiers et les pompiers sont désormais protégés par le statut des crimes de haine. Ces protections s’appliquent normalement aux personnes visées en fonction de leur origine ethnique, religion, nationalité ou orientation sexuelle, mais en Louisiane la loi fait des policiers une «minorité» à protéger.
Agressions des membres des forces de l’ordre
Concrètement, cela signifie que quelqu’un qui agresse un policier aura une peine plus lourde que s’il agressait un civil (jusqu’à six mois de prison supplémentaire pour un délit mineur, et cinq ans de prison en plus pour un crime.) Mais les critiques de la loi ont souligné que c’était déjà le cas en Louisiane, ainsi que dans de nombreux États américains, où les agressions de membres de forces de l’ordre sont assorties de peines plus lourdes. Cette loi, surnommée loi «Blue Lives Matter», est avant tout une réponse symbolique hostile au mouvement Black Lives Matter, qui critique la violence des policiers à l’égard des noirs aux États-Unis.
Le mouvement Blue Lives Matter, où «bleu» évoque l’uniforme des policiers, a fait surface après le meurtre de deux officiers de police à New York en décembre 2014. L’idée du mouvement est que la contestation de la brutalité policière par les militants de Black Lives Matters a fait augmenter les tensions et donc rendu les policiers plus vulnérables. Il s’agit en quelque sorte de retourner la situation et de dire que ce sont les policiers qui sont les vraies victimes, pas les Afro-Américains. Plusieurs autres États ont tenté, jusqu’ici sans succès, de faire passer des lois similaires.
Comme le souligne le site Think Progress, on ne sait pas encore comment les procureurs de Louisiane utiliseront cette loi, mais il se pourrait qu’elle soit utilisée pour condamner plus lourdement les manifestants qui protestent contre la violence policière. En effet, le vandalisme contre des voitures de police ou des commissariats pourrait désormais être considéré comme un crime de haine, donc puni plus sévèrement.