«Quand j'étais à la fac, se souvient ce lecteur de Libération, il y a environ vingt-cinq ans, le premier cours de Chaunu dans l'année, c'était l'attraction. On y allait, toutes sections confondues, comme on va voir le dernier Spielberg. L'amphi était plein à craquer.»
Car Pierre Chaunu, décédé jeudi soir à l'âge de 86 ans, était l'une des grandes figures de l'école historique française. Ancien professeur d'histoire moderne à la Sorbonne, disciple de Fernand Braudel, Pierre Chaunu était l'un des précurseurs de l'histoire quantitative qui s'appuie sur les mathématiques et les statistiques, et utilise l'économie et la démographie pour analyser les évolutions historiques.
Spécialiste de l'Amérique espagnole et de l'histoire sociale et religieuse de la France des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècle, il est l'auteur de plusieurs dizaines de livres comme «La Civilisation de l'Europe des lumières» (1971), «Démographie historique et système de civilisation» (1974), «La Peste blanche, Comment éviter le suicide de l'Occident?» (1976) «Trois millions d'années, quatre-vingt milliards de destins» (1990).
Le grand public le connaissait surtout pour ses cris d'alarme concernant la démographie européenne, rappelle Hérodote. Grande figure du protestantisme français, parfois jugé réactionnaire par certains de ses confrères historiens, il a longtemps animé l'émission hebdomadaire Livre du Jour sur Radio Courtoisie et tenait depuis le début des années 1980 une chronique dans Le Figaro.