Sciences / Boire & manger

Une mauvaise hygiène alimentaire peut affecter trois générations

Temps de lecture : 2 min

La malbouffe laisse ses traces dans l'ADN: l'obésité d'une mère peut prédisposer ses enfants, ses petits enfants et ses arrières-petits-enfants à des problèmes métaboliques.

Christmas junk food / Doug Waldron via Flickr CC License by.
Christmas junk food / Doug Waldron via Flickr CC License by.

Une étude publiée le 16 juin dans la revue Cell Reports conclut que les femmes à l'alimentation trop riche en graisses et en sucres risquent de prédisposer leur descendance à des problèmes métaboliques. Et ce sur au moins trois générations, même si ces héritiers ont une bonne hygiène alimentaire et même si ce déséquilibre alimentaire survient bien avant leur grossesse.

Si cette étude n'est évidemment pas la première à corréler les habitudes alimentaires d'une femme à la santé de ses enfants, ces recherches menées sur des souris sont remarquables en ce qu'elles indiquent que, même avant la grossesse, l'obésité d'une future mère peut être à l'origine d'anomalies génétiques. Des anomalies qui seront ensuite transmises à sa lignée germinale pendant au moins trois générations et qui augmenteront à chaque fois le risque de maladies métaboliques –diabète de type 2, par exemple– ou encore de troubles cardio-vasculaires.

Un héritage véhiculé par l'ADN mitochondrial, des gènes exclusivement transmis par la mère au moment de la fécondation.

«Nos données sont les premières à montrer que des souris enceintes atteintes de syndrome métabolique peuvent transmettre des mitochondries dysfonctionnelles le long de la lignée maternelle jusqu'à trois générations», explique Kelle H. Moley, auteure principale de l'étude et codirectrice de l'Institut des sciences cliniques et translationnelles de l'Université Washington de Saint-Louis.

«Notamment, notre étude indique que les ovocytes […] pourraient porter des informations programmant une dysfonction mitochondriale dans tout l'organisme», ajoute-t-elle. «L'obésité d'une mère peut altérer la santé des générations ultérieures, ce qui est très important car plus des deux-tiers des femmes en âge de se reproduire aux États-Unis sont obèses ou en surpoids.»

Pour arriver à ce résultat, les chercheurs ont gavé des souris –leur régime comportait environ 60% de gras et 20% de sucres–, sur une période allant de six semaines avant leur fécondation jusqu'au sevrage de leurs petits. En termes humains, précise Moley, «c'est comme si elles avaient mangé au fast-food tous les jours».

Une fois sevrés, les petits nourris ont été nourris sainement –avec une alimentation riche en protéines et pauvres en graisses et en sucres. Mais malgré ces bonnes habitudes, les enfants, petits-enfants et arrière petits-enfants des souris mal-bouffeuses allaient développer une résistance à l'insuline et d'autres problèmes métaboliques. A la dissection, les scientifiques ont découvert des mitochondries anomales dans leurs tissus musculaires et osseux.

Pour ceux qui voudraient se rassurer en se rappelant que les recherches sur les souris peuvent avoir des ratés lorsqu'on veut les appliquer aux humains, Moley risque malheureusement de casser votre optimisme: «Chez les humains», fait-elle remarquer, «l'alimentation des enfants est vraiment très proche de celle de leurs parents, ce qui fait que les effets d'un syndrome métabolique maternel pourraient être plus graves [dans notre espèce] que dans notre modèle murin».

Pour autant, il est possible que de bonnes habitudes alimentaires prises très tôt dans l'enfance, couplées à un exercice physique régulier et à long-terme, soient capables d'invalider une bonne partie de ces anomalies métaboliques génétiques. C'est du moins ce qu'envisage Moley et la question sur laquelle elle projette de focaliser ses prochains travaux.

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