Monde

Au Labour, un événement contre l’antisémitisme interrompu... par des déclarations antisémites

Temps de lecture : 2 min

Les accusations d'antisémitisme contre le parti travailliste britannique ont été confirmées de manière ironique lors d’un événement contre l’antisémitisme.

Jeremy Corbyn, le 30 juin 2016 | LEON NEAL/AFP
Jeremy Corbyn, le 30 juin 2016 | LEON NEAL/AFP

Alors que les Tories vivent au rythme des rebondissements d’après Brexit, dont le vote divise le parti, les Travaillistes du Labour sont eux empêtrés dans des accusations d’antisémitisme à répétition. Dernier épisode en date, une députée travailliste juive, Ruth Smeeth, a accusé le leader du parti Jeremy Corbyn d’avoir fait de celui-ci un endroit «qui n’est pas sûr pour les juifs».

Le cadre même dans lequel le conflit a eu lieu a des accents tragi-comiques, puisque c’est précisément lors de la remise d’un rapport sur les déclarations antisémites au sein du parti de gauche que la députée a été accusée par un militant de «conspirer avec les médias». Ruth Smeeth a déclaré qu’«il est au-delà de l’imaginable que quelqu’un puisse venir au lancement d’un rapport sur l’antisémitisme au sein du Parti travailliste et entériner des théories conspirationnistes tellement infâmes à propos des juifs», alors même que le leader du parti n’a pas réagi.

L’affaire n’est pas isolée, et vient corroborer une série d’incident médiatiques accablants pour le parti. Fin avril, l’ancien maire de Londres, Ken Livingstone, a été suspendu du parti pour avoir déclaré sur la BBC qu’Hitler avait été un partisan du sionisme «avant de devenir fou et de tuer 6 millions de juifs». Naz Shah, une députée britannique, a pour sa part été suspendue pour des posts sur Facebook insinuant que les Israéliens devraient être déportés aux Etats-Unis. Une ancienne candidate du parti, Vicki Kirby, avait pour sa part tweeté sur le fait qu’Hitler était un «dieu juif», ou que les juifs avaient «des gros nez».

dans le Guardian a consacré une chronique «au problème d’antisémitisme de la gauche» britannique, qui part de la confusion classique entre antisémitisme, antisionisme et critique de la politique d’Israël mais aussi du prétexte d’antisionisme couramment invoqué par le discours antisémite, rappelle-t-il.

«Grâce à Corbyn, poursuit le chroniqueur, le Labour grossit, attirant de nombreux activistes de gauche qui l’auraient auparavant rejeté ou auraient été rejetés par lui. Parmi ceux-ci se trouvent des gens qui ont des opinions hostiles envers les juifs. [...] La question pour le Labour est de savoir si tout cela lui importe. Ce n’est sans doute pas le cas de ceux qui sont en haut. Mais cela fait l’effet d’une triste perte pour une petite communauté qui jadis regardait vers le Labour comme sa maison –et qui arrive à la triste conclusion que le Labour est devenue un lieu froid pour les juifs.»

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