Alors que le candidat républicain Donald Trump faisait un discours sur le libre-échange dans une usine de recyclage le 28 juin, son ancien directeur de campagne, Corey Lewandowski, était payé par la chaîne CNN pour commenter en direct les paroles de son ancien patron:
«Je pense que c'est le meilleur discours de Trump de la campagne présidentielle, franchement.»
Très enthousiaste, Lewandowski a répété deux fois qu'il s'agissait vraiment du meilleur discours de la saison politique.
Son utilisation du mot «franchement» a été particulièrement ridiculisée dans la mesure où l'Associated Press a récemment révélé que comme la quasi totalité des employés de Trump, son ancien directeur de campagne avait signé un contrat de confidentialité l'empêchant de critiquer Trump et de révéler quoi que soit sur le candidat et toute sa famille, sous peine de poursuites judiciaires.
Difficile dans ces conditions d'être un commentateur libre. Jusqu'ici, Lewandowski agit plutôt comme un porte-parole de campagne que comme un analyste indépendant. Selon Politico, il a d'ailleurs été obligé de refuser une proposition de livre sur Trump (pour 1,2 million de dollars) à cause de ce contrat de confidentialité.
Alors que la presse rapporte que les enfants de Trump ont encouragé le départ de Lewandowski, celui-ci est resté très positif à leur égard:
«Je peux dire que j'ai toujours eu une super relation avec la famille, et je pense que cela va continuer», a-t-il déclaré sur CNN juste après son licenciement.
En mars, Corey Lewandowski s'était fait connaître du grand public pour avoir agrippé la journaliste Michelle Fields lors d'un événement de campagne en Floride. Quelques mois plus tôt, il avait aussi poussé un reporter de CNN afin de l'empêcher de filmer la foule d'un rassemblement. Lewandowski a aussi plusieurs fois violemment insulté certaines de ses collègues femmes, et c'est lui qui maintenait la liste noire journalistique de Trump, qui a banni plusieurs médias de ses meetings et conférences de presse, dont le Washington Post, Buzzfeed et Politico.
Comme le rappelle la chroniqueuse médias du Washington Post, qui pense que cette embauche par CNN est une «insulte pour la presse et pour les femmes», lors d'une conférence de presse de mars, Lewandowski se tenait derrière Trump en souriant lorsque le milliardaire new-yorkais déclarait:
«Dégoûtants les reporters. Des gens horribles. Certains sont biens. Certains sont biens. Mais il y a des gens vraiment dégoûtants au fond.»
Juste après avoir été embauché sur CNN, Lewandowski déclarait dans une interview:
«J'ai une super relation avec la presse. J'ai pleins d'amis dans toutes les chaînes. C'est la vérité.»