Pour une série où chaque générique détaille une mappemonde sophistiquée, Game of Thrones est très flexible quand il s’agit de distances et de temps de trajet. Certains personnages vont prendre plusieurs épisodes –des mois entiers de temps narratif– pour aller d’un lieu à l’autre. Mais parfois ils traversent les continents et les océans en un clin d’œil. La sixième saison est bourrée de ce genre d’énigmes: Littlefinger et ses soldats n’ont besoin visiblement que d’une journée pour faire Moat Cailin-Winterfell. Idem pour Arya, qui revient de Braavos si vite qu’on ne sait pas trop si elle était vraiment partie.
Reste que personne n’est aussi rapide que Varys. En général, l’ancien maître-espion de Port-Réal s’immisce mollement dans le paysage mais, dans le dernier épisode de la sixième saison, c’est comme s’il se téléportait d’un endroit à l’autre. Au début, le voici invité surprise à Dorne, histoire d’aider les Aspics des sables à convaincre Lady Olenna de faire cause commune. Et, quelques instants plus tard, le revoilà aux côtés de Daenerys sur un bateau quittant Meereen, prêt pour l’aventure.
L’explication la plus raisonnable à ces escapades incohérentes relève d’une paresse narrative: Varys n’a pas besoin de se rendre en personne à Dorne (il aurait pu très bien y envoyer un corbeau ou consorts) mais l’impact visuel de sa présence est plus fort, il signifie plus directement qu’une alliance matriarcale est en train de se nouer et que, probablement, elle aidera Daenerys dans sa conquête lors des prochaines saisons. S’il est là, en d’autres termes, c’est parce que cela rend mieux, pas parce que la logique l’ordonne. Pour la même raison, la série doit nous le montrer de retour à Meereen, pour cette scène d’anthologie où tous nos petits copains sont rassemblés sur le pont d’un même navire.
Donc oui, il y a plein de mauvaises raisons à la célérité de Varys. Mais ne peut-on pas en trouver une bonne? Et si –accrochez-vous– Varys était un triton?
Lèvres poisseuses et longues tuniques
C’est en tout cas la théorie que développe depuis 2013 un post Reddit, atteignant aujourd’hui un délicieux niveau de subtilité. Mais, en fait, la chose n’est peut-être pas si folle. Les sirènes –ou Ondines, comme on les appelle à Westeros– existent visiblement bel et bien dans l’univers fictif de George R. R. Martin. Sans oublier le culte du Dieu noyé en vogue sur les Îles de fer.
Sur Reddit, les faits s’accumulent. En voici quelques-uns. «Le sourire de Varys est très spécial, très onctueux», remarque l’auteur du post. Ce qui tombe sous le sens, n’est-ce pas? Si sa maison est sous l’océan, évidemment que ses lèvres sont poisseuses. De même, le redditeur souligne, «quand on en vient à parler de cannibalisme, Varys passe la langue sur ses lèvres». Élémentaire: les tritons aimeraient boulotter des humains. Ces données vous semblent légères? Elles le sont, mais elles sont cohérentes! La plupart de ces détails ont-ils davantage à voir avec les romans que la série? Oui, aussi, comme plein d’autres théories de fans, qui au final se sont révélées exactes.
Et voit-on Varys porter des pantalons? Non, jamais, ce sont toujours de longues tuniques pour notre Maître des chuchoteurs. Et s’il ne s’agissait pas d’un choix esthétique, mais pratique, parce que Varys est bien obligé de camoufler sa grosse et dégoûtante nageoire? D’où la solution: si Varys est allé aussi vite de Dorne à Meereen, c’est en nageant. Évidemment.