Tout est bien qui finit en quarts de finale. Grâce à un doublé inscrit par Antoine Griezmann au cœur de la seconde période (58e, 61e), l'équipe de France s'est imposée 2-1 contre l'Irlande en huitièmes de finale de «son» Euro, dimanche 26 juin, au Parc OL de Décines-Charpieu. Mais si trois minutes emballantes ont suffi à faire basculer son destin, elle ne devra surtout pas oublier une terrible minute qui a résumé quasiment tous ses défauts –fébrilité, erreurs techniques, fautes stupides– et l'ont longtemps menacée d'une élimination.
Le problème (ou, selon la façon dont on se place, l'avantage) est que cette minute était la première. Après trois premiers matchs de l'équipe de France pauvres en buts et en spectacle, personne ne s'attendait pourtant à voir les Irlandais ouvrir le score après deux minutes de jeu, surtout avec la manie des joueurs de Didier Deschamps d'emballer leurs rencontres dans les dernières minutes, avec trois pions inscrits après la 88e minute contre la Roumanie (2-1) et l'Albanie (2-0).
Tout avait commencé par une farce, avec un coup d'envoi joué deux fois, les Irlandais ayant fait une feinte interdite par le réglement sur leur première tentative. Cela s'est poursuivi par une bouffonnerie. Avec un enchaînement de dix passes dans leur camp, les Irlandais alertent leur gardien Darren Randolph, qui remet au pied avant de recevoir à nouveau la balle quatre passes plus loin et d'envoyer une longue chandelle dans le ciel du Parc OL. Après une double tentative ratée de dégagement de la France, de la tête par Sagna puis du pied par Koscielny, Stephen Ward perce à gauche et Adil Rami rate l'interception dans la surface, avant que Pogba ne commette une faute grossière sur Long, qui s'éloignait pourtant du but. Robbie Brady transforme le penalty.
2 - La #FRA a concédé le penalty le plus rapide pour une équipe à l'EURO depuis 1980 (2'). Bêtise.
— OptaJean (@OptaJean) 26 juin 2016
Sur cette action, on distingue trois défauts des Bleus. D'abord, comme au début de l'Euro, cette équipe plutôt jeune semble écrasée par la pression –il faut se souvenir que, lors du match d'ouverture, la Roumanie avait déjà failli ouvrir le score après seulement quatre minutes de jeu. Offensif et séduisant lors de ses matchs de préparation, le onze tricolore ne parvient pas à se libérer devant son public depuis le début de l'Euro. Les buts en fin de matchs de Dimitri Payet avaient jusque là sauvé la mise à des Bleus trops crispés.
Ensuite, la défense. Point faible des Bleus depuis le forfait de Raphaël Varane, le joueur du Real Madrid, elle avait bien tenu en phase de poule. Mais face à l'Irlande, c'est Adil Rami, appelé à la dernière minute, solution de rechange et très critiqué après ses pâles performances lors des matchs amicaux, qui glisse sur le centre de Steven Ward et rate le ballon. Averti une seconde fois dans ce tournoi, il sera absent en quart de finale face à l'Islande ou l'Angleterre.
Enfin, Paul Pogba, qui était annoncé comme l'une des stars de cet Euro, a encore fait preuve d'une indiscipline qui fâche ses entraîneurs en club ou en sélection: Didier Deschamps l'avait laissé sur le banc après son premier match raté contre la Roumanie. Heureusement, le milieu de terrain de la Juventus, qui s'est beaucoup démené et énervé en première période, a affiché un tout autre visage en seconde. Le symbole d'une sélection française qui est aussi bourrée de qualités, dont son impact physique, ses grosses individualités en attaque et son nouveau héros: Antoine Griezmann, qui a donc offert la victoire aux Bleus avec un doublé en... trois minutes.