Quand un Français débarque en Belgique, il y a quelques expressions qui peuvent le faire tiquer. Petite discussion fictive qui tutoie les sommets:
Le Belge: «Tu sais me passer le sel, s'il te plaît?
Le Français: –Euh ouais, je peux te passer le sel.
–Tu veux une chique?
–Une quoi?
–Un chewing-gum?
–Non merci.
–Une couque?
–...
–Une viennoiserie?
–Ouais, je veux bien.
–Tu sais faire un cumulet?
–C’est quoi? Montre-moi… Ah une galipette, bah oui.
–Oufti, je suis en retard. Allez j'y vais, à tantôt.
–Ouais, à tout à l’heure. Je t’appelle sur ton portable?
–Ouais, sur mon GSM.»
À première vue, ces expressions pourraient nous faire sourire. Mais ne vous avisez surtout pas de vous moquer de ces belgicismes ou de les répéter comme un gros lourdaud en imitant l'accent belge à la Coluche ou à la François Pignon. Nos amis du Plat Pays n'aiment pas du tout, mais alors pas du tout... Et puis, se moquer, ce serait également oublier les régionalismes de l'Hexagone: en Bretagne, certains demandent «un pochon» à la caisse d’un supermarché pour avoir un sac plastique, alors qu'à Bordeaux, d'autres évoquent «une poche».
C’est quoi un belgicisme?
Avant de parler foot, il convient, déjà, de bien définir ce qu’est un belgicisme. «C’est une particularité du français tel qu'on le parle et tel qu'on l'écrit en Belgique. Une particularité qui n’appartient pas au français de référence, celui des dictionnaires Robert ou Larousse, mais qui n'est pas forcément spécifique à la Belgique. Des belgicismes peuvent se retrouver dans certaines régions françaises, en Suisse ou au Québec», explique Michel Francard, professeur de linguistique à l'Université catholique de Louvain et auteur du Dictionnaire des belgicismes. «C'est le cas de l'expression "toquer à la porte", employée en Belgique, mais aussi dans certaines régions de France comme la Lorraine, l’Auvergne ou la Bretagne. Ou la locution "Il fait cru", qui signifie qu'il fait froid et humide et qui s'utilise aussi en Suisse, au Québec et en Acadie. Ces mots appartiennent à un fonds roman commun, qui remonte au Moyen-Âge. Certaines communautés francophones ont conservé des mots qui avaient cours autrefois en France, mais qui ont fini par disparaître du centre de l'Hexagone. Et comme les dictionnaires du français sont réalisés à Paris…»
On ne vous l'apprend pas, la Belgique est au carrefour de l'Europe, coincée entre la France, les Pays-Bas, l'Allemagne et le Luxembourg. Ici, on parle d'ailleurs trois langues officielles: le français, le néerlandais et l'allemand, qu'on oublie souvent. Ces imbrications linguistiques ont évidemment influencé avec le temps le français de Belgique. «Le flamand et le néerlandais, les langues régionales de Wallonie que sont le wallon et le picard, notamment, sont les principales langues qui ont influencé le français en Belgique. L'allemand également, mais dans une bien moindre mesure. L'anglais n’a pas exercé d’influence particulière, sauf dans le domaine du football où l'on trouve plus d’anglicismes qu’ailleurs. Cela tient au fait que la Belgique est l'un des premiers pays du continent à avoir adopté le foot et à avoir organisé un championnat national, en 1895. Ces anglicismes restent dans l’usage», indique Michel Francard. Alors, c'est bon? Vous êtes prêts à jouer? Allez, c’est parti...
La latte: la barre transversale.
Un back droit: un défenseur latéral droit.
Une carte jaune/rouge: un carton jaune/rouge.
Referee ou ref: un arbitre.
Un joueur de flanc: un ailier.
Un shot: un tir.
Le plafond: la partie supérieure du but.
Le grand rectangle: la surface de réparation.
Le petit rectangle: les six mètres.
Un coup de coin: un corner. (Aussi utilisé par Jean-Michel Larqué).
Un stud: un crampon vissé à la chaussure.
Les jambières: les protège-tibias.
Mettre des slaches en sortant de la douche: des claquettes, des tongues.
Un partage: un match nul.
Jouer comme des klettes: jouer comme des pieds, comme des nuls.
Un coup de réparation ou coup de pied de réparation: un penalty.
Un autogoal: un but contre son camp.
Un score de forfait: un match qui se termine sur le score de 5-0.
Nul blanc: score nul.
Une vareuse: un maillot.
Le noyau: l’effectif.
Un assist: une passe décisive.
Un keeper: un gardien de but.
Tirer sur le piquet: tirer sur le poteau.
Une montée au jeu: un remplacement.
Un médian: un milieu de terrain.
La hands de Titi Henry: La main de Titi Henry.
Un coup de pied de but: un six mètres.
Le petit bonus pour la troisième mi-temps:
On se fait un kicker: On se fait un baby-foot.
Faire un a-fond: boire cul-sec.
On va squetter une bière?: On va boire une bière?
Je voudrais un demi: je voudrais une pinte (un demi-litre, logique quoi).