Jean Todt a été élu ce vendredi 23 octobre à la tête de la Fédération Internationale de l'Automobile (FIA) suite à un vote secret dans un hôtel de Paris. Ancien patron de l'écurie de Formule 1 Ferrari, le Français a devancé l'ex pilote de rallye finlandais Ari Vatanen en remportant 135 voix contre 49. Il va donc succéder au controversé Max Mosley, qui tient les reines de la fédération depuis 16 ans.
Nicolas Sarkozy s'est «réjouit sincèrement de cette élection», a indiqué l'Elysée dans un communiqué. «Il est en effet très important que la France soit représentée dans les plus hautes instances sportives internationales», ajoute la présidence.
Après une longue carrière de copilote de rallye, Todt devient le directeur de Peugeot en rallye et en endurance, écurie avec laquelle il remporte tous les grands trophées de 1982 à 1993: deux championnats du monde des rallyes, quatre Paris-Dakar et deux 24 Heures du Mans.
Il est recruté par Ferrari, alors miné par les querelles internes et en manque de résultats, en 1993. «Quand je suis arrivé, certains disaient que le job était impossible», explique-t-il au Guardian. «Alain Prost m'a dit: «Tu as tout réussi jusqu'ici, mais avec Ferrari, oublies».[...] La difficulté était d'être un français, d'arriver dans cette équipe italienne et d'entendre «ici, les gens ne durent pas plus d'un an.» J'ai souvent cru qu'ils allaient me virer.» Mais au lieu de cela, Todt a transformé la Scuderia en une machine à gagner, sept titres de champion du monde des constructeurs et six des pilotes.
Aujourd'hui, il se retrouve face à un challenge d'envergure: redorer le blason du sport automobile, et notamment de la Formule 1, qui a été entachée par plusieurs affaires sous la direction de Mosley. Fils du dirigeant du mouvement fasciste britannique dans les années 1930, Mosley a notamment été impliqué dans un scandale de photos d'une orgie sadomasochiste en déguisements nazis. Plus récemment, la F1 a été secouée par la révélation de l'accident volontaire de Nelson Piquet Jr lors du Grand Prix de Singapour sur ordre du patron de l'équipe Renault Flavio Briatore, qui a été radié à vie de toute compétition de la FIA pour son rôle dans l'affaire.
Le soutien de Mosley à la candidature de Jean Todt a été vivement critiqué par Ari Vatanen, qui était allé jusqu'à entamer une procédure devant le Tribunal de grande instance de Paris pour réclamer une élection juste, poursuites qu'il a abandonnées en début de semaine.
L'âpreté de la campagne contraste avec l'histoire commune des deux candidats. Todt a en effet embauché Vatanen chez Peugeot, une époque où les deux hommes sont devenus amis. Todt se souvient: «Il [Vatanen] a eu un accident très grave en Argentine [en 1995] où il aurait pu mourir. [...] Il était très déprimé et je lui rendais visite souvent pour le soutenir, parce qu'il ne pouvait pas conduire pendant 18 mois. Mais nous l'avons aidé à revenir à la course.»
Quatorze ans plus tard et malgré une solide amitié, les deux hommes ne sont plus du tout dans la même écurie.
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