C'est une nouvelle ombre sécuritaire au tableau d'un Euro 2016 qui n'avait pas vraiment besoin de cela: le président de l'Association des supporters russes, Alexandre Chpryguine, qui a fait partie des personnes expulsées de l'Hexagone après les incidents qui ont éclaté autour du match Angleterre-Russie à Marseille le 11 juin... a été arrêté à Toulouse, lundi 20 juin, alors qu'il assistait au troisième match de son équipe face au Pays de Galles.
L'annonce a été effectuée auprès de l'AFP, au cours de la première mi-temps du match, par le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet. Le supporter russe a été placé en garde à vue et devrait être expulsé mardi vers la France.
Chpryguine avait, peu auparavant, posté une série de photos provocantes montrant un avion qui l'a, a priori, amené à Barcelone, avant qu'il ne rallie l'Hexagone par la route.
Чтобы оказаться на игре пришлось проделать немного необычный путь под покровом ночи, и стать туристом на время;) pic.twitter.com/MC8AxNuTnS
— Александр Шпрыгин (@Shprygin) 20 juin 2016
Ou l'intérieur et l'extérieur du Stadium de Toulouse.
#EURO2016 #ВпередРоссия #путькпобеде В Тулузе все готово к игре. Валлийцы разминаются- pic.twitter.com/AvRkItDk2K
— Александр Шпрыгин (@Shprygin) 20 juin 2016
Снова здравствуй #EURO2016 #ВпередРоссия #ВОБ #ноукриминалити #путькпобеде pic.twitter.com/ZHh9VGhmuE
— Александр Шпрыгин (@Shprygin) 20 juin 2016
En début d'après-midi, il avait aussi tweeté la photo d'un bus de supporters russes en train d'être contrôlé par la police française. En milieu d'après-midi, l'agence russe TASS citait des propos de Ivan Kuznetsov, un représentant de supporters russes, détaillant ce contrôle: «Le bus a été arrêté pendant deux heures. Tous les passeports ont été contrôlés deux fois.»
More:
http://tass.ru/en/sport/883548
#автобусВОБ большинство пассажиров которого уже в РФ снова остановила и проверяет полиция- на этот раз в Тулузе. pic.twitter.com/gFg6p5UoiD
— Александр Шпрыгин (@Shprygin) 20 juin 2016
Placé en garde à vue le 14 juin, Chpryguine avait quitté la France avec dix-neuf supporters russes expulsés le 18 juin et avait annoncé, à peine le pied posé à Moscou, vouloir retourner en France. «J'ai seulement été expulsé, mon visa Schengen n'a pas été annulé, tous les tampons sont là. Je peux légalement me trouver en Union européenne. Je suis au match avec un billet. Il n'y a rien d'anormal», a-t-il déclaré à l'AFP, lundi soir. Selon le ministère de l'Intérieur, il avait fait l'objet d'une interdiction administrative de territoire et d'une annulation de visa dans la journée.
Lundi, Télérama consacrait une enquête à ce «supporter russe qui balade la France», pointant une rencontre, début mars à Moscou, entre lui et le consul général de France, Marc Sédille, dont est sorti un compte-rendu vantant une rencontre «amicale et constructive», qui n'est depuis plus disponible en ligne. Une rencontre qui, selon le quai d'Orsay, portait notamment sur les modalités de délivrance des visas, mais qui pose la question de la connaissance par les autorités françaises du pedigree de cet homme qui a aussi été reçu par plusieurs préfectures des villes où jouait la Russie.
Le Guardian expliquait récemment qu'il avait été identifié «comme une des figures majeures de l'introduction de vues et pratiques néonazies au sein des supporters russes depuis la fin des années 1990». Il s'est distingué notamment par un salut nazi en public en 2001, en affirmant récemment ne vouloir voir en équipe de Russie que des «visages slaves» ou en pointant qu'il y avait «vraiment beaucoup» de visages noirs sur une photo des Bleus postée par Mathieu Valbuena.
Comme l'expliquait récemment la BBC, il est, par son poste, impliqué dans la préparation de la Coupe du monde 2018 en Russie, ce qui lui a valu par exemple de participer à des réunions avec Vladimir Poutine, qui l'y appelait «Sasha» –«un diminutif qui suggère un certain degré de familiarité», expliquait la radio britannique. Le week-end dernier, The Observer faisait d'ailleurs part des craintes du gouvernement britannique concernant les relations entre les hooligans et le pouvoir russe, vus comme un alliés dans un genre de «guerre hybride». Chpryguine est l'attaché parlementaire d'Igor Lebedev, député du parti d'extrême droite LPDR, qui avait félicité les supporters russes après les incidents de Marseille («Bravo les gars, continuez!»).
Cet article a été mis à jour, mardi 21 juin, avec de nouveaux détails sur l'interpellation de Chpryguine et l'annonce de son expulsion prochaine vers la Russie.