À la suite de la fusillade qui a fait quarante-neuf morts dans une boîte gay d’Orlando dans la nuit du 11 au 12 juin, les représentants républicains au Congrès américain ont posté des messages de soutien aux familles des victimes sur Twitter. Beaucoup ont partagé la phrase type: «Mes pensées et mes prières vont aux victimes et à leurs familles.»
Pourtant, ces élus continuent de voter contre toute réforme qui restreindrait, même de façon minime, la vente des armes à feu aux États-Unis. Comme le rappelle Forrest Wickman sur Slate.com, après la tuerie de San Bernardino qui avait fait quatorze morts en décembre 2015, les Républicains du Sénat ont bloqué une proposition de loi qui aurait empêché les personnes identifiées par le FBI comme potentiels terroristes d’acheter des armes.
À ce moment, la sénatrice démocrate Dianne Feinstein avait déclaré:
«Si vous aviez besoin d’une preuve que le Congrès est pris en otage par le lobby des armes, regardez le vote d’aujourd’hui, qui bloque une loi empêchant les suspects terroristes d’acheter des revolvers et des explosifs.»
Le journaliste Igor Volsky, qui travaille pour l’organisation progressiste Center for American Progress, avait alors commencé à comptabiliser les montants venant de la NRA, le lobby des armes, reçus par ces députés et sénateurs qui priaient pour les victimes de San Bernardino. Le total était de 12,5 millions de dollars pour soixante-douze politiciens.
«Sa réponse à la pire fusillade sera juste ce tweet»
Après le massacre à Orlando, Volsky a fait la même chose. Pour chaque homme et femme politique qui a tweeté ses condoléances, il a répondu avec des chiffres. Ainsi, lorsque le sénateur du Wisconsin Ron Johnson a exprimé sa solidarité avec les victimes, Volsky a tweeté:
«@SenRonJohnson a accepté plus d’1,3 million de dollars venant de groupes pro-armes, donc la seule chose que vous obtiendrez de lui, ce sont ses pensées et ses prières.»
.@SenRonJohnson accepted $1.3 million+ from gun rights groups, so all you’ll get are his #ThoughtsAndPrayers https://t.co/aIANKnToTD
— igorvolsky (@igorvolsky) June 12, 2016
Même chose pour Pat Roberts, sénateur du Kansas: «@SenPatRoberts a reçu 322.453 dollars de la NRA, alors sa réponse à la pire fusillade sera juste ce tweet.»
.@SenPatRoberts got $322,453+ in expenditures from @NRA, so his response to biggest mass shooting will be this tweet https://t.co/sYx4C8UqbS
— igorvolsky (@igorvolsky) June 12, 2016
Et pour Orrin Hatch, sénateur de l’Iowa, qui a reçu 97.848 dollars de la NRA:
Sen.@OrrinHatch received $97,848 in expenditures from @NRA & voted against barring terrorists from getting guns https://t.co/A064ir58Xh
— igorvolsky (@igorvolsky) June 12, 2016
La liste des interventions de Volsky est longue et, à chaque fois, sa réponse est beaucoup plus retweetée que le message de condoléances lui-même.
Étant donné la résistance des membres du Congrès, le meilleur espoir pour un encadrement plus rigoureux des ventes d’armes à feu aux États-Unis est d’agir au niveau des États. Après le massacre de Sandy Hook en 2012, le Connecticut et New York ont voté des lois strictes à cet égard, mais il est presque impossible de le faire au niveau fédéral. En 2013, une proposition d’interdiction des fusils d’assaut, utilisés dans les fusillades de Sandy Hook, San Bernardino et Orlando, n’a pas obtenu assez de votes pour passer au Sénat.
Le quotidien New York Daily News avait alors fait sa une avec une photo des victimes de Sandy Hook et le titre «Honte aux États-Unis».
Never forget Sandy Hook. RT @USNavyMom08 Speaks for itself: Tomorrow’s New York Daily News Cover pic.twitter.com/7KowAzkTIL
— Flavia Casas (@flavia_casas) March 20, 2013
Dans un éditorial publié dans USA Today le 13 juin, le directeur de l’institut légal de la NRA a expliqué qu’il fallait détuire «l’islam radical», pas le «droit des Américains à se protéger».