Ce jeudi 20 avril 2017, un policier est décédé sur les Champs-Élysées, lors d'une fusillade. L'assaillant a ouvert le feu en sortant de sa voiture avant de courir sur le trottoir, visant d'autres policiers, d'après le récit du ministère de l'Intérieur. Il a été tué dans l'échange de tir. Peu après, l'attaque a été revendiquée par l'État islamique. Déjà en juin 2016, Daech avait revendiqué le meurtre revendiqué d’un couple travaillant pour la police, l’un commandant de police et l’autre secrétaire administrative de la direction générale de la police nationale. Une question se posait déjà alors: les policiers sont-ils une cible particulière de l'État islamique?
Daech a déjà, à plusieurs reprises, ciblé les policiers dans ses communications. Dans un long message audio diffusé en septembre 2014 par Al-Furqan, le principal média de l’EI, on pouvait entendre Abou Mohammed al-Adnani, porte-parole de l’organisation terroriste, dire:
«Levez-vous, monothéistes, et défendez votre État depuis votre lieu de résidence, où qu’il soit. [...] Attaquez les soldats des tyrans, leurs forces de police et de sécurité, leurs services de renseignements et leurs collaborateurs.»
La vidéo de revendication des attentats du 13 novembre montrait par ailleurs des cibles de tir rouges posées sur des policiers.
Le général Didier Castres a aussi indiqué dans une audition parlementaire qu’une publication de Daech avait «identifié les policiers, puis les militaires et aujourd’hui les enseignants comme cibles des actions terroristes». Dans le numéro 7 de la revue de Daech, Dar Al Islam, on peut voir une photo d’un policier sangloter rue de la Fontaine-au-Roi sur l’épaule d’un de ses collègues, avec ce commentaire: «La France à genoux».
Une des photos symboles des attentats du 13 novembre fait la une du magazine français de l’Etat islamique. #Malaise pic.twitter.com/CEtEjZV8wh
— Michael Bloch (@Micbloch) 30 novembre 2015
Cibles civiles privilégiées
Si les policiers ont toujours été une cible de Daech, ils ne sont pourtant sans doute pas plus des cibles que les civils, pour ce qui concerne l’Europe et les pays non arabes du moins, expliquait en juin 2016 Romain Caillet, spécialiste du djihadisme. Ce pourrait être même l’inverse, le porte-parole de l’organisation terroriste ayant déclaré le 21 mai 2016 dans un message audio qu’il fallait privilégier les civils. Voici ce qu’il dit dans son message:
«Sachez que nous préférons que vous choisissiez comme cible ceux qui sont appelés “civils”. Cela sera plus efficace, et leur nuira plus, et leur causera plus de dommages, et sera un meilleur moyen de dissuasion.»
(Voici la version en anglais, selon la traduction officielle du centre pour les médias de Daech: «Know that your targeting those who are called “civilians” is
more beloved to us and more effective, as it is more harmful, painful, and a greater
deterrent to them.»)
Les policiers vont par contre être des cibles favorites dans les pays arabo-musulmans, explique le chercheur. Tout comme les minorités religieuses et les intellectuels libéraux progressistes. Là-bas, «les populations ne sont pas des cibles», explique Romain Caillet.