Monde / Égalités

La longue et tragique histoire des attentats contre les communautés homosexuelles aux Etats-Unis

Temps de lecture : 2 min

Avant le Pulse, il y avait eu UpStairs Lounge, le Backstreet café, l'Otherside Lounge ou le Neighbours.

Eric Robert Rudolph, le «Olympic Park Bomber», également condamné pour avoir posé une bombe dans un bar lesbien. CHEROKEE COUNTY SHERIFF'S DEPT / AFP.
Eric Robert Rudolph, le «Olympic Park Bomber», également condamné pour avoir posé une bombe dans un bar lesbien. CHEROKEE COUNTY SHERIFF'S DEPT / AFP.

Le massacre dans une boîte de nuit LGBT d’Orlando, le Pulse, qui a fait au moins 50 morts, n’est que le dernier chapitre d’une longue histoire de violences dans des clubs et des bars LGBTQ en Amérique. En fait, depuis que les membres de la communauté LGBTQ se rassemblent dans leurs propres espaces, ces derniers sont victimes d’une féroce violence homophobe et transphobe.

Pas de soutien aux victimes

Jusqu’à la fusillade du Pulse, le plus célèbre acte de violence de ce type était l'incendie de l'UpStairs Lounge, un bar gay de la Nouvelle Orléans, en 1973. Un incendiaire y avait mis le feu et provoqué la mort de 32 personnes en moins de vingt minutes. La grande majorité des hommes politiques avait refusé de faire des commentaires sur l’incendie et l’archevêque de la Nouvelle Orléans n’avait pas proposé de soutien aux victimes (l’archidiocèse s’est excusé pour son silence en 2013). De nombreux médias avaient choisi de ne pas en parler et certains de ceux qui l’avaient évoqué s'étaient moqués de l'orientation sexuelle des victimes.

Personne n’a jamais été poursuivi pour ce crime. Lorsqu’on l’avait interrogé sur le processus d’identification des victimes, le détective en chef du département de police de la Nouvelle Orléans avait répondu: «Nous ne savons même pas si ces papiers appartenaient aux personnes sur qui nous les avons retrouvés. Il y a des voleurs qui traînent par là et vous savez, c’était un bar homo.»

En 1997, Eric Robert Rudolph, surnommé «Olympic Park Bomber», posa une bombe dans l’Otherside Lounge, une boîte de nuit lesbienne d’Atlanta. Il expliqua ensuite qu’il croyait que «les tentatives collectives de légitimation de l’homosexualité» étaient «une agression contre l’intégrité de la société américaine». Pour lui, l’homosexualité était un «comportement sexuel aberrant» et il écrivit que «lorsque certains tentent de reconnaître ce comportement comme étant tout aussi légitime et normal que la relation naturelle entre un homme et une femme, tous les efforts possibles doivent être déployés, y compris l’usage de la force si nécessaire, pour les arrêter». Dans sa confession, Rudolph vitupère contre «le programme homosexuel», notamment «le mariage gay, l’adoption homosexuelle, les lois contre les crimes de haine concernant les gays ou la tentative d’introduire un programme normalisant l’homosexualité dans nos écoles.»

En 2013 à Seattle

Trois ans plus tard, Ronald Gay a ouvert le feu sur le Backstreet Cafe, un bar gay de Roanoke, en Virginie, tuant Danny Overstreet, 43 ans, et blessant gravement six autres personnes. Gay était furieux que son nom de famille puisse vouloir dire «homosexuel» et déclara que Dieu lui avait dit de tuer des homosexuels. Il se qualifiait lui-même de «soldat chrétien qui travaille pour mon Seigneur» et déclara au tribunal qu’il regrettait de ne pas avoir «tué plus de pédés». Plus récemment, en 2013, Musab Mohammed Masmari a mis le feu au Neighbours, une boîte de nuit gay du quartier de Capitol Hill à Seattle, la nuit de la Saint Sylvestre. Masmari a expliqué qu’il pensait que les gays «devraient être exterminés.»

Évidemment, ces agressions contre les gays ne font que ponctuer les milliers de crimes de haine visant la communauté LGBTQ qui se produisent chaque année en public –dans des écoles, des toilettes et des parcs, sur des trottoirs et souvent en plein jour. Les crimes anti-LGBTQ n’ont été criminalisés au niveau fédéral que très récemment, car le président George W. Bush avait menacé de mettre son veto sur toute législation pénalisant les crimes de haine sur la base de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre. Avec le soutien de Barack Obama, le Matthew Shepard and James Byrd Jr. Hate Crimes Prevention Act fut finalement voté en 2009. Il n’obtint que cinq voix républicaines au Sénat et son plus farouche opposant, le sénateur républicain Jeff Sessions, reprocha à ses collègues d’avoir simplement cédé «à la cause politique du moment.»

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