Économie / Life

Est-ce bon pour la planète de laisser charger son téléphone toute la nuit?

Temps de lecture : 3 min

Je laisse toujours mon téléphone, mon ordinateur portable ou mon lecteur MP3 à charger toute la nuit - même si cela ne demande que quelques heures de remplir totalement leurs batteries. Dois-je avoir des scrupules? Ne serait-il pas mieux de profiter de mes trajets quotidiens pour recharger mes appareils électroniques, en les branchant sur l'allume-cigare de ma voiture?

En termes de péchés environnementaux, le vôtre se range dans la catégorie vénielle. Oui, laisser branchés des appareils plus longtemps qu'il n'en faut pour en recharger les batteries gaspille de l'énergie. Est-ce que changer vos habitudes réduira l'empreinte écologique de votre geekerie? Pas vraiment.

Commençons avec le plus commun des appareils mobiles - le téléphone portable. Que se passe-t-il si vous le laissez branché toute la nuit ?Selon les mesures du Lawrence Berkeley National Laboratory, un téléphone moyen branché sur une prise de courant dépense 3,68 watts quand il est en charge et 2,24 une fois chargé. Prenons le scénario le plus catastrophique en imaginant que vous laissez branchée toute la nuit une batterie déjà chargée. Laissez branché un téléphone moyen pendant 8 heures équivaut à une consommation d'environ 0,018 kilowatt/heure (kWh) d'électricité. Faites la même chose toutes les nuits de la semaine, et elle atteindra 0,13 kWh; toutes les nuits pendant un an, vous avoisinez un total de 6,5 kWh.

Si l'on se rappelle que la consommation résidentielle d'un Américain moyen dépasse les 4000kWh par an (PDF), je ne pense pas que cette petite poignée de kWh mérite de vous faire des cheveux blancs. Vous pourriez faire beaucoup plus pour la planète, par exemple, en échangeant une seule ampoule à incandescence de votre domicile contre une à fluorescence; comme je l'ai montré dans une précédente chronique, c'est une action simple qui, à elle seule, économise 126 kWh par an. De plus, en chargeant vos gadgets la nuit pendant que vous dormez, vous décalez une infime partie de votre consommation électrique diurne, quand la demande est la plus élevée, sur des heures creuses et soulagez ainsi votre réseau électrique local.

Et si vous laissez votre chargeur de téléphone toujours branché, même si vous n'y connectez pas votre téléphone, combien d'«énergie vampire» allez-vous suçoter? Toujours d'après les chiffres du Berkeley Lab, un chargeur moyen branché constamment toutes les 8.760 heures d'une année dépensera environ 2,3 kWh d'électricité. Comme l'a remarqué David MacKay, professeur à Cambridge, dans son livre «Sustainable Energy - Without the Hot Air», débrancher de manière obsessionnelle son chargeur revient à « écoper le Titanic avec une petite cuillère ». Même s'il vous prie de continuer à le faire si vous en avez envie « soyez bien conscient du caractère minuscule de votre geste». (Plus loin, il note que, selon ses calculs, laisser débranché pendant toute une année votre chargeur équivaut en termes d'énergie à vous passer d'un seul bain chaud.)

En ce qui concerne votre iPod ou votre Zune, pas la peine non plus de vous déclencher un ulcère. Selon Chris Calwell, fondateur de l'entreprise de consulting en performance énergétique Ecos, les lecteurs de musique numérique ne dépensent que 0,25 à 0,4 watt une fois chargés.

Qu'en est-il des ordinateurs portables? Si le vôtre est récent, son chargement ne vous demandera pas plus d'une nuit. Selon les chiffres du département d'IT de l'Université de Pennsylvanie — qui a analysé plusieurs portables achetés entre 2005 et 2009 — les ordinateurs d'aujourd'hui dépensent entre 1 et 3 watts s'ils sont éteints mais toujours branchés sur le secteur, et à peu près la même choase s'ils sont en veille. Ce qui les range dans la même catégorie que les téléphones portables. Un ordinateur portable qui tourne au ralenti, sans être pour autant en veille, consommera entre 15 et 20 watts. (Les machines plus anciennes peuvent être moins performantes, bien qu'un rapport de 2003 montre des chiffres équivalents en termes de dépense énergétique des ordinateurs allumés et en veille [PDF].)

Charger vos appareils pendant vos trajets quotidiens semble une bonne idée, puisque vous pourrez ainsi surveiller la progression de la charge et les débrancher une fois la chose terminée. Cependant, les modestes économies réalisées ainsi seront rapidement anéanties par les mauvaises performances énergétiques inhérentes au système électrique de votre voiture. Car la transformation de l'essence en énergie électrique est un processus loin d'être au point — à chaque étape du processus, du moteur à l'alternateur, une partie de l'énergie de l'essence est perdue. Quand vous chargerez votre iPod ou votre téléphone portable à votre allume-cigare, vous n'utiliserez réellement que 10% de l'énergie totale injectée dans le système. Le chiffre pourra peut-être grimper à 20% si votre véhicule est hybride. Au contraire, l'électricité d'une prise de courant de votre maison, vous délivrera 30% de l'énergie source. Toutes choses égales par ailleurs, utiliser une prise de courant sera plus efficace, énergiquement parlant, que d'user de votre chargeur de voiture.

Ce sera aussi moins polluant. Dans une voiture à essence, il faut  environ 2,27 kilos de CO² pour produire 1 kWh d'électricité. Sur une prise de courant, la même quantité d'électricité demandera quant à elle environ 0,6 kilo de CO². De plus, l'électricité fournie par une voiture est plus chère : selon une étude de 2008, produire 1 kWh avec une voiture à essence coûte pas moins de 50 centimes d'euro — soit sept fois que sur le réseau électrique domestique.

Nina Shen Rastogi

Traduit de l'anglais par Peggy Sastre

Image de une CC Flickr .:Siddhartha:.

Newsletters

En Belgique, la retraite est à 65 ans, mais presque tout le monde part avant

En Belgique, la retraite est à 65 ans, mais presque tout le monde part avant

Nombre d'années travaillées, montant des pensions, réformes en cours ou à venir... Le match France-Belgique des retraites.

Le spectre du chômage de masse s'éloigne dans l'indifférence générale

Le spectre du chômage de masse s'éloigne dans l'indifférence générale

Le chômage a accompagné mon parcours professionnel, ma génération a grandi avec lui. Accablement ou infamie, il était le cauchemar permanent, la peur qui guettait au coin du CV.

Comment expliquer que l'inflation se maintienne alors que les prix des matières premières baissent?

Comment expliquer que l'inflation se maintienne alors que les prix des matières premières baissent?

Certains spécialistes constatent une augmentation des marges des entreprises.

Podcasts Grands Formats Séries
Slate Studio