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Euro 2016: «Marseille ressemblait à une zone de guerre samedi soir»

Temps de lecture : 3 min

La capitale provençale a été le théâtre de violents affrontements avant le match Angleterre-Russie (1-1). On compte 31 blessés, dont un fan anglais entre la vie et la mort.

Valery HACHE / AFP
Valery HACHE / AFP

C'est une journée qui risque de gravement entacher ce début d'Euro 2016 qu'a connue Marseille, samedi 11 juin, à l'occasion du match Angleterre-Russie (1-1). Commencée par des affrontements violents entre hooligans anglais, russes et locaux, elle s'est terminée dans la confusion lors du départ des supporters du Stade Vélodrome, avec une invasion de tribune anglaise par des fans russes et de brèves échauffourées, la séparation entre les deux parties de tribunes paraissant insuffisante au vu des images.

Selon un bilan officiel rapporté par l'AFP en fin de soirée, on compte 31 blessés dont quatre graves, parmi lesquels un fan anglais entre la vie et la mort. Six personnes ont été interpellées.

Des scènes d'une violence extrême de la part de hooligans russes équipés d'armes blanches et de barres de fer ont été rapportées par le Guardian ou par le Telegraph, qui n'hésite pas à écrire que «Marseille ressemblait à une zone de guerre samedi soir». Des affrontements ont également été constatés à Nice, où la Pologne doit affronter l'Irlande du Nord dimanche. Vendredi, déjà, des violences avaient eu lieu, pour la deuxième journée consécutive, de la part de fans anglais sur le Vieux-Port de Marseille pendant que la France s'imposait en match d'ouverture face à la Roumanie (2-1).

Violences et gaz lacrymo

Des supporters anglais interrogés en marge des affrontements ont affirmé avoir subi des attaques des Russes ainsi qu'une répression disproportionnée de la part des forces de l'ordre, comme en témoignent ces propos de fans anonymes rapportés par le Telegraph: «Ce sont les Russes qui ont tout initié», «Il y a un groupe de Russes qui sont complètement dingues. Ils ont tout jeté sur nous, des chaises, des bouteilles, et nous ont attaqués avec des couteaux», «Il y a littéralement une armée de fans russes qui montent à la rencontre des supporters anglais». Geoff Pearson, un universitaire présent à Marseille, a affirmé à The Independent que les supporters britanniques étaient «sur la défensive».

Vendredi, déjà, ils avaient critiqué la réaction des forces de l'ordre aux troubles, à ce moment-là essentiellement imputés à des supporters britanniques. «Globalement, ça se passe bien. Mais ici on sent que le climat est malsain: la police française frappe fort et certains jeunes Marseillais ont l'air content que ça se passe mal», confiait Lawrence, un Londonien de 25 ans, au journal L'Equipe. Ian King, un agriculteur de 53 ans, tenait le même genre de discours au Guardian après avoir été gazé trois fois dans la même journée:

«Il n'y avait pas besoin de ça. Oui, les fans ont fait du grabuge et ont chanté. Mais la police française a réagi en chargeant et en pulvérisant du gaz lacrymogène. Cela ne semble pas approprié. La police rend cela pire que cela est vraiment.»

Il est possible que ces incidents relancent le débat sur la gestion française de ce genre d'événements, même si le commissaire Antoine Boutonnet, chargé de la lutte contre les hooligans, a affirmé à l'AFP qu'il ne dressait «pas de constat d'échec». L'un des conseillers de la police britannique explique dans un autre article du Guardian que la réponse de la police française n'est pas adaptée aux troubles et contribue même à les empirer. Spécialisé dans la gestion des fans de foot en Angleterre, il donne les conseils suivants aux policiers français:

«Votre première réaction face à un supporter ne devrait pas être d'envoyer du gaz lacrymogène ou de lever votre bâton. Si vous n'avez pas une attitude positive dans un premier temps, vous ne faites pas bien votre job de policier.»

Ce n'est pas une première

Plusieurs Britanniques présents lors des violences déclenchées par des hooligans en marge du match Angleterre-Tunisie à Marseille lors de la Coupe du monde 1998 se rappellent des troubles de l'époque, rapporte le Guardian. «Cela ressemblait à un truc qui deviendrait le concept de fanzone. Un grand terrain où des fans sans ticket pouvaient se rassembler. Ce n'était pas vraiment sécurisé, même si les deux communautés de supporters ne pouvaient pas se mélanger», se rappelle Amy Lawrence, journaliste au Guardian. Et cela avait tourné à l'affrontement quand l'Angleterre avait ouvert le score.

En tant «fanatique de football anglais», un blogueur anglais se désole, au lendemain de l'ouverture de l'Euro, que ses concitoyens se comportent de la sorte. Il se dit consterné face aux images de Britanniques chantant «Daech, où êtes vous?», balançant des chaises et des tables dans la rue. «C'est embarrassant, il est temps que nous prenions nos responsabilités en tant que pays.»

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