Entre la caméra et le ballon rond, il a mis trente ans à choisir. Parmi les 552 joueurs présents à l'Euro 2016 en France, Hannes Halldorsson, gardien de l'équipe d'Islande, n'est certainement pas le plus connu mais c'est le seul qui possède des talents de cinéaste.
«J'ai réalisé mon premier court métrage à 12 ans en 1996 avec très peu de moyens. Juste un magnétoscope et une caméra. C'était une sorte de Superman tourné avec des amis, notre héros s'appelait Natation Man et portait une tenue ridicule», explique Halldorsson dans une interview accordée au magazine américain Sports Illustrated en 2013.
En Islande, on ne peut pas dire que le football soit le sport le plus suivi. La discipline n'y jouit même pas du statut professionnel. Une configuration qui convient bien à Halldorsson jusqu'à son transfert au Sandnes Ulf, club professionnel norvégien, en 2014, le cap de la trentaine passé. «J'ai commencé à jouer dans les divisions inférieures en Islande, où le football ne se pratique pas à temps plein. À cette époque, une grande partie de mes revenus provenait de la réalisation», détaille-t-il à Sports Illustrated.
Eurovision et spots publicitaires
Aujourd'hui incontournable dans les cages de l'Islande pour la première compétition internationale de l'île volcanique, Halldorsson l'est tout autant avec cette fois une caméra dans les mains à la place des gants. Parmi ses rêves de gosse, tourner un clip pour l'Islande à l'Eurovision, événement qu'il regarde depuis gamin.
À force d'être bien vu dans le domaine des spots publicitaires pour Coca-Cola ou IKEA et des courts métrages, c'est la consécration en 2012. Celui qui joue alors au KR Reykjavik, plus grand club de football islandais, prend la charge du vidéoclip de «Never Forget», chanson interprétée par la chanteuse Greta Salome et Jonsi, candidats à l'Eurovision pour l'Islande cette année-là. Leur projet atteindra la finale mais échouera au moment de remporter le concours.
Celui qui a toujours développé une sorte d'entre-deux avec ses deux passions se concentre désormais à temps plein au football, sans jamais reléguer véritablement son matériel de tournage au second-plan. En 2014, alors que l'Islande rate d'un cheveu la qualification pour la Coupe du monde au Brésil, il filme le quotidien de ses coéquipiers en sélection nationale pour Icelandair.
Avant de raccrocher les crampons, il aimerait tourner un long métrage, un film d'horreur de préférence, même si cela prend du temps. Qui sait, si l'Islande crée l'exploit à l'Euro 2016, elle disposera déjà de son réalisateur pour tourner la version islandaise des Yeux dans les Bleus, un long métrage qu'Hannes Halldorsson se fera certainement une joie de tourner.